Qu’est-ce que l’endométriose : symptômes et traitement

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 23/10/2024 à 17h10, publié le 31/01/2019 à 11h01
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Qu’est-ce que l’endométriose : symptômes et traitement
L’endométriose est une maladie au cours de laquelle du tissu de l’utérus se dépose dans les autres organes du corps. Les raisons de ce phénomène sont encore mal comprises. Le vécu des femmes touchées par l’endométriose varie. Certaines sont sans symptômes, d’autres ressentent des douleurs au niveau du pelvis. Ces souffrances peuvent être chroniques, et plus durement vécues lors des règles. L’endométriose est également susceptible d’entraîner des douleurs pendant les rapports sexuels. Elle peut aussi être à l’origine d’une infertilité.
Les traitements médicaux supprimant les règles apportent un soulagement aux patientes douloureuses. La chirurgie de l’endométriose offre la possibilité d’éliminer les tissus problématiques.
Les pharmaciens de Pharma GDD ont élaboré cette fiche pour vous permettre de comprendre l’endométriose, ses causes, ses conséquences, comment est-elle diagnostiquée et comment est-elle traitée ?

Qu'est-ce que l'endométriose ?

C’est une maladie gynécologique à caractère chronique dont l’origine n’est pas encore totalement connue et qui entraîne des douleurs ainsi que des problèmes de fertilité. Elle n’est pas nouvelle : on trouve les symptômes de l’endométriose décrits dans des textes médicaux datant de plusieurs millénaires.

Endométriose : causes

Son nom vient de l’endomètre, la muqueuse utérine, ce tissu (ensemble de cellules) qui recouvre la paroi de l’intérieur de l’utérus. Il est constitué de cellules particulières. L’endométriose survient lorsque de petits morceaux de ce tissu se développent hors de l’utérus.

Ces amas de tissus, que l’on appelle des « implants », vont par leur présence anormale, « gêner » les tissus voisins, entraînant une inflammation et une irritation. Du tissu cicatriciel fibreux peut se développer là où ils sont installés et modifier l’anatomie de la zone autour des implants en faisant adhérer les organes proches entre eux.

Dans la majorité des cas, ces implants se développent à proximité de l’utérus, dans les ligaments qui le soutiennent, dans les ovaires ou entre le rectum et le col de l’utérus ou le vagin. Mais parfois, plus rarement, ces implants se retrouvent au niveau de l’intestin grêle, du côlon, des trompes de Fallope, de la vessie, de la vulve, voire du poumon ou du cœur. Parfois, ils forment des nodules, des structures anormales, que l’on peut sentir à la palpation.

L’explication de ce phénomène est encore inconnue. Plusieurs hypothèses ont été avancées. Selon la plus couramment admise, des cellules de l’endomètre sortent de l’utérus lors des règles et « s’installent » hors de la cavité utérine, en des endroits variés, ce qui va donner les implants. Autre hypothèse : des cellules situées à différents endroits du corps mutent pour devenir des cellules de l’endomètre. On a également avancé, pour tenter d’expliquer l’endométriose, l’influence de facteurs environnementaux et immunologiques.
Il existe également des gènes de susceptibilité impliqués dans l’endométriose.

Ces implants, quelle que soit l’explication à leur présence, se comportent comme du tissu endométrial : ils sont sensibles aux hormones, intègrent des glandes, saignent et peuvent fabriquer des œstrogènes. En conséquence, lorsque les règles surviennent, les implants gonflent et saignent comme l’endomètre le fait. Ces saignements sont à l’origine des douleurs et des crampes.

Qui est touché par l’endométriose ?

Certaines femmes touchées par ce phénomène l’ignorent, ne présentant pas de symptômes. Il est donc difficile de connaître avec précision le nombre de femmes concernées. On estime qu’entre 6 et 10 % de la population féminine en âge de procréer serait atteinte par l’endométriose. 40 % des femmes ayant des douleurs au pelvis souffrent d’endométriose. C’est en moyenne à 27 ans que les femmes se font diagnostiquer.

Il existe des facteurs de risque de développer une endométriose :
  • Avoir des parents touchés par la maladie.
  • Un bas Indice de Masse Corporelle (IMC), le fait d’être grande et fine.
  • Le fait de ne pas avoir eu d’enfant, ou d’en avoir eu après l’âge de 30 ans.
  • Des règles plus précoces que d’habitude.
  • Une ménopause survenant plus tardivement que la normale.
  • Des cycles menstruels courts, inférieurs à 27 jours, accompagnés de règles longues et abondantes.
  • Un haut niveau d’œstrogènes.
  • Des anomalies anatomiques de l’utérus.
  • La prise, par la mère, de diéthylstilbestrol, un médicament destiné à prévenir les fausses couches, interdit depuis les années 70. L’exposition du fœtus à ce médicament constitue un facteur de risque.
  • La consommation d’alcool.
À l’inverse, plusieurs facteurs protégeraient de l’endométriose :
 
  • Le fait d’avoir vécu plusieurs grossesses.
  • Le fait d’avoir allaité pendant une longue durée.
  • Des règles tardives.
  • La prise de contraceptifs par voie orale faiblement dosés.
  • L’activité physique pratiquée à raison de 4 heures par semaine ou débutée avant l’âge de 15 ans.
  • Par ailleurs, les femmes d’ethnie noire ou asiatique sont moins atteintes.

Endométriose : symptômes

Elle est caractérisée par des douleurs chroniques au niveau du pelvis, parfois au niveau de l’abdomen. Elles sont cycliques et liées aux règles. Les patientes peuvent également être atteintes de :
  • Dysménorrhée : des règles très douloureuses.
  • Dyspareunie : des souffrances lors de l’acte sexuel.
  • Dyschézie : des difficultés lors de la défécation.
  • Dysurie : des douleurs pendant la miction (le fait d’uriner).
Ces symptômes dépendent de la localisation des implants.

Les patientes ont parfois des spottings, de faibles pertes de sang avant les règles, ainsi que des ménorragies, des règles abondantes. Certaines ressentent de la douleur dans les jambes.
Un implant au niveau des ovaires peut générer une sorte de kyste rempli de sang, que l’on nomme endométriome. Une douleur brusque et intense peut survenir lorsqu’il se rompt ou que du sang s’en écoule.

Certaines femmes ne présentent aucun symptôme et ignorent même être concernées par la maladie.

Infertilité et endométriose

Chez un tiers à la moitié des patientes, l’endométriose nuirait à la fertilité. Les raisons en sont là aussi mal connues.
Les implants sont responsables d’une infertilité lorsqu’ils bouchent les trompes de Fallope, par lesquelles les ovocytes et ovules fécondés transitent normalement pour permettre la fécondation et la grossesse. Le liquide péritonéal des patientes atteintes d’endométriose, qui facilite le passage du sperme vers l’ovule, est altéré et moins efficace. Par ailleurs, l’inflammation qu’elle provoque jouerait également un rôle dans l’infertilité.

Comment est diagnostiquée l'endométriose ?

C’est d’abord l’interrogatoire de la patiente qui oriente le médecin vers le diagnostic d’endométriose. Les principaux signes sont les règles douloureuses et la difficulté à avoir un enfant.

La palpation et l’examen au spéculum permettent parfois d’identifier des nodules ou des traces d’infiltration vaginale. Enfin, l’imagerie médicale, principalement l’échographie, l’IRM et l’hystérographie, est aussi utilisée pour établir le diagnostic d’endométriose.

Elle peut également être diagnostiquée à la suite d’examens chirurgicaux, comme la laparoscopie. Cette dernière opération est pratiquée avec un laparoscope, une petite sonde flexible qui est introduite dans la cavité abdominale. Grâce à cet appareil, le médecin peut directement visualiser les structures anatomiques dans l’abdomen. S’il détecte un tissu qui lui semble anormal, il peut, toujours grâce au laparoscope, en prélever un échantillon. C’est la biopsie. Cet échantillon sera alors analysé pour déterminer s’il s’agit bien de tissu endométrial.

La laparoscopie nécessite une anesthésie générale et peut se faire en ambulatoire (hospitalisation dans la journée). C’est une intervention très peu douloureuse, ne suscitant qu’une sensation d’inconfort au niveau de l’abdomen.

Ces examens visent à différencier l’endométriose d’autres maladies, par exemple la cystite interstitielle, le syndrome du côlon irritable, le syndrome intermenstruel, la grossesse ectopique ou l’hématosalpinx.

Le médecin, une fois les examens effectués, peut classer l’endométriose en 4 stades :
  • Endométriose minime (stade I).
  • Endométriose légère (stade II).
  • Endométriose modérée (stade III).
  • Endométriose grave (stade IV).

Comment soigner l'endométriose ?

L’approche doit être pluridisciplinaire. Parfois la chirurgie s’impose. Le but n’est pas de guérir l’endométriose, mais de réduire la douleur et/ou de traiter l’infertilité pour permettre la grossesse.
Il doit être adapté à la situation de chacune, prenant en compte la sévérité des symptômes, mais également le désir ou non de grossesse.

Le traitement médical

Il s’agit d’un traitement hormonal d’interruption des règles, les implants étant sensibles à l’action des hormones.

Les médicaments utilisés dans l’endométriose sont principalement les contraceptifs oraux associant progestatif et œstrogènes ou des systèmes intra-utérins au levonorgestrel. Ils freinent la croissance des tissus endométriosiques, limitant les saignements et la douleur. Ils sont parfois, pour plus d’efficacité, pris en continu et non de manière cyclique.

Si ces contraceptifs oraux ne parviennent pas à enrayer l’endométriose, il existe des médicaments faisant également cesser l’action des ovaires. Ce sont :
  • les progestatifs (dienogest, désogestrel ou implant à l’ étonogestrel) qui suppriment les règles,
  • les agonistes de la GnRH (nafaréline, leuprolide). Ils font cesser les règles en agissant sur les hormones stimulant les ovaires. Ils ont comme effets secondaires des bouffées de chaleur, des variations de l’humeur, un enraidissement des articulations et une sécheresse vaginale. Pris sur le long terme (quelques mois), ils peuvent induire une ostéoporose. C’est la raison pour laquelle ils sont parfois associés à un médicament pour prévenir la perte osseuse.
Ces traitements stoppent la douleur causée par l’endométriose, mais celle-ci reprendra s’ils sont arrêtés. Ils ne font pas disparaître les implants, mais freinent leur croissance, voire font légèrement diminuer leur taille.

En attendant que ces médicaments hormonaux fassent sentir leurs effets, il peut être nécessaire de soulager les douleurs à l’aide d’un anti inflammatoire non stéroïdien (AINS) ou d’un analgésique. Les AINS ne doivent être pris que sur le court terme pour éviter les effets secondaires au niveau rénal ou gastrique.

Le traitement chirurgical de l’endométriose

Dans certains cas (médicaments inefficaces, présence d’endométriome, obstruction des trompes de Fallope, douleurs pendant les rapports sexuels…), l’opération de l’endométriose doit être envisagée. On distingue deux types de chirurgies :
  • La chirurgie conservatrice.
  • La chirurgie définitive.
La chirurgie conservatrice vise à détruire les implants tout en préservant au maximum les tissus environnants. A cette fin, les chirurgiens ont à leur disposition plusieurs instruments, dont le laser ou encore les ultrasons… L’effet de cette chirurgie n’est que temporaire. Il faut donc la cumuler à des médicaments inhibant l’action des ovaires pour interrompre l’endométriose, sinon, celle-ci se développera à nouveau après la chirurgie.

La chirurgie définitive consiste à enlever les ovaires (ovariectomie) de façon à provoquer une ménopause. Elle peut aussi comprendre l’ablation de l’utérus et des trompes de Fallope. Cette procédure n’est appliquée que dans des cas très sévères, chez des femmes subissant des douleurs particulièrement fortes et ne souhaitant pas ou plus avoir de grossesse.

Le traitement de l’infertilité

La chirurgie est la principale technique pour traiter le problème de l’infertilité associée à l’endométriose. C’est la laparoscopie qui est principalement utilisée dans ce cadre. La chirurgie permet d’augmenter les chances de grossesse.

La procréation assistée et la fécondation in vitro (FIV) font partie des solutions permettant aux femmes souffrant d’endométriose d’avoir des enfants. Faites-en part à votre médecin, qui pourra vous orienter vers un spécialiste.

Les aides face à l’endométriose

À côté de ces traitements, plusieurs produits et techniques permettent de mieux vivre avec l’endométriose.
La thermothérapie est une des méthodes les plus utilisées. Il s’agit de soulager les douleurs à l’aide de chaud ou de froid. Autre technique antalgique non médicamenteuse : la TENS, neurostimulation électrique transcutanée. Les messages douloureux sont « court-circuités » par des impulsions électriques délivrées via des électrodes à l’aide d’un appareil spécial. Des pratiques douces comme le yoga peuvent également être essayées.

Un soutien psychothérapeutique peut être envisagé pour apprendre à mieux gérer la maladie, à mieux supporter les traitements et leurs effets.

Il est également possible d’intégrer des associations de femmes atteintes d’endométriose pour échanger et bénéficier de soutiens et de conseils.

Enfin, pour celles expérimentant des douleurs pendant l’acte sexuel, plusieurs techniques apportent un soulagement et aident à mieux vivre sa sexualité malgré l’endométriose. Par exemple, prendre un bain chaud avant l’acte réduit la douleur, un coussin à base de noyau de cerise aussi. La communication avec le partenaire est essentielle.


L’endométriose est caractérisée par la présence anormale de tissus de l’utérus à différents endroits du corps. C’est une pathologie dont les causes sont encore débattues, et qui peut être à l’origine de douleurs et d’une infertilité. Pour les femmes présentant des symptômes, il existe deux types de traitements de l’endométriose : un médicamenteux et un chirurgical.

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