Troubles musculo squelettiques : définition et risques au travail

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 25/10/2024 à 08h10, publié le 24/10/2024 à 14h10
  • Temps de lecture : ~ 0 minutes
Troubles musculo squelettiques : définition et risques au travail
Les TMS ou troubles musculosquelettiques apparaissent à la suite de nombreuses causes, notamment liées à l'activité professionnelle, à de mauvaises postures ou à un poste de travail non adapté à la personne. Pharma GDD vous parle des facteurs physiques, des parties du corps les plus touchées et vous explique l’importance de l’ergonomie au travail. Nous verrons comment aider à évaluer les risques de TMS en fonction des tâches, les étapes de prévention et la démarche Pro.

Troubles musculo squelettiques : définition

Les troubles musculosquelettiques sont des pathologies qui touchent les articulations, les muscles et les tendons. Ce phénomène se caractérise par des douleurs, des raideurs, des lourdeurs et des gênes dans les mouvements. Ils se manifestent progressivement et peuvent entrainer la perte de fonction du système musculo-squelettique. Sans mesure de prévention, les troubles musculo squelettiques peuvent entrainer à terme une incapacité au travail et dans la vie quotidienne. Les TMS regroupent un ensemble de maladies localisées au niveau ou autour des articulations, à savoir des poignets, des coudes, des épaules, du rachis ou encore des genoux.
En effet, ces maladies concernent :
  • Les muscles ;
  • Les tendons ;
  • Les gaines tendineuses ;
  • Les nerfs ;
  • Les bourses séreuses (des poches plates contenant le liquide articulaire appelé liquide synovial) ;
  • Les vaisseaux sanguins ;
  • Les articulations ;
  • Les ligaments.
Les troubles musculo squelettiques peuvent toucher la périphérie des articulations des membres supérieurs, de la colonne vertébrale et des membres inférieurs.

Troubles musculo squelettiques : les facteurs physiques

L'activité professionnelle peut jouer un rôle dans la durée ou leur aggravation, en particulier lorsque l'organisation du travail fait émerger deux types de facteurs de risque :

Les facteurs physiques correspondent :
  • Aux gestes répétitifs ;
  • Au travail statique ;
  • Aux efforts excessifs ;
  • Aux positions articulaires extrêmes ;
  • Au port de charges lourdes.

Les facteurs biomécaniques mettent en évidence 4 paramètres principaux favorisant l'apparition de TMS :
 
  • La posture peut entrainer un étirement ou une compression des structures.
  • La force, l'intensité de la force, le type de contraction musculaire, la position articulaire et la distance de prise, la préhension et les caractéristiques de l'objet soulevé.
  • Ils dépendent également de la répétition et la durée de l'activité.
  • La combinaison de ces quatre paramètres a plus de risque de conduire à un trouble musculo-squelettique.

Troubles musculo squelettiques : les parties du corps les plus touchées

schéma TMS pourcentage squelette
Dans ces cas de figure, les articulations du haut du corps sont particulièrement touchées par les TMS, notamment celles du bas du dos, des bras et des mains.

D'après les chiffres de 2017 transmis par l'Assurance Maladie, les TMS touchent :
 
  • À 38% les mains, poignets, doigts ;
  • À 30% les épaules ;
  • À 22% les coudes ;
  • À 7% le bas du dos ;
  • À 2% les genoux.

Les symptômes sont progressifs et se divisent en 3 niveaux :
 
  • Niveau 1 : les plaintes apparaissent durant une activité et disparaissent au repos ;
  • Niveau 2 : les douleurs ou gênes apparaissent rapidement lors des activités et mettent plus longtemps à disparaître au repos ;
  • Niveau 3 : les douleurs, lourdeurs, raideurs sont chroniques et persistent durant les autres activités et au repos.

Les pathologies les plus répandues touchent surtout les membres supérieurs :
 
Les membres inférieurs peuvent être atteints, en particulier chez les salariés travaillant à genoux (comme les carreleurs) ou accroupis qui peuvent être victimes de bursite du genou. La bursite du genou correspond à l'épanchement de liquide synovial des bourses séreuses autour des articulations.
 

TMS : l'importance de l'ergonomie au travail

Une mauvaise posture, un mobilier non adapté est fréquent. Cette mauvaise ergonomique au travail perturbe le fonctionnement du corps et engendre des troubles musculo-squelettiques. Il est important d'identifier les mauvaises postures, les mouvements réguliers et répétitifs qui sont à risque. Il est capital de définir les actions et outils qui permettent d'éviter l'apparition des TMS.

Les études révèlent que les troubles musculo-squelettiques :
  • représentent 87% des maladies professionnelles (source l'assurance maladie, 2016).
  • correspondent à 1 milliard d'euros couverts par les charges patronales (source l'Assurance maladie, 2014).
  • donnent lieu à 2 jours d'arrêt maladie par an et par personne (source l’INRS 2004 (l’Institut National de Recherche et de Sécurité)).
  • Enfin, d'après l'Assurance Maladie en 2015, les troubles musculosquelettiques augmentent de 8 à 10% par an.  

L'ergonomie au travail correspond à la mise en œuvre de connaissances scientifiques relatives à l'homme via une organisation, de systèmes et d’outils adaptés au plus grand nombre. Elle permet d'améliorer la santé, le confort, la performance et la sécurité. Le principe majeur est d'adapter le travail à l'homme, en suivant les liens qui existent entre la mission à accomplir, comme la tâche, l'organisation, le matériel et la personne qui l'effectue.

Elle permet d'agir sur l'ensemble des facteurs de risques des TMS en intervenant sur :
  • L'organisation du travail via une fiche de poste, les règlements, les process et procédures, les plannings et la collaboration des équipes ;
  • Les postes de travail améliorant la disposition, le matériel, l'éclairage, la lumière ou le bruit ;
  • Les espaces de travail comprennent la bonne disposition des locaux et du stockage du matériel ;
  • L'ergonomie prend également en compte les moyens humains, notamment l'âge, l'ancienneté et la formation ;
  • L'ergonomie encourage l'extension et la rotation des tâches pour éviter la répétitivité des gestes ;
  • L'amélioration des plannings contribue à mettre en place des repos compensateurs suffisants ;
  • La définition collective des tâches afin d'éviter les glissements de fonctions génératrices de surcharges de travail et de risques psychosociaux.

La démarche de l'ergonomie au travail permet de mesurer les contraintes sur l'activité et de se remettre en question sur l'aménagement des locaux et d'adapter le matériel pour :
Réduire les déplacements ;
  • Éviter les collisions ;
  • Éviter les postures à angles articulaires extrêmes ;
  • Diminuer l'influence des facteurs d'ambiance comme la température et l'éclairage ;
  • Réduire les distances d'atteinte comme attraper ou utiliser du matériel depuis son poste de travail.

Évaluer les risques de TMS en fonction des tâches

Pour évaluer les risques de TMS, il est conseillé de réaliser un tableau de bord afin de dresser un état des lieux de la situation de l'entreprise et de suivre l'évolution du risque de troubles musculo squelettiques via des indicateurs quantitatifs.
Une grille d'identification de la charge physique de travail vous permet de réaliser un recensement des situations à risque de TMS et de lombalgies au sein de votre entreprise. Elle permet de dépister et de hiérarchiser les situations de travail à risque, notamment les tâches, l'activité, le poste de travail et l'environnement proche. Les grilles de dépistage sont issues de la méthode d'analyse de la charge physique de travail.
Le protocole européen SALTSA permet de repérer les TMS dans le secteur professionnel dès les signes précoces. Avec cet outil, il est possible de diagnostiquer 12 types de TMS des membres supérieurs et un syndrome général regroupant les TMS non spécifiques.
Enfin le questionnaire "nordique" est un outil qui permet de localiser les douleurs et de recenser au cours de 12 derniers mois, mais aussi des 7 derniers jours, des troubles tels que les courbatures, douleurs, gênes, engourdissement. Il sera également possible d'évaluer l'intensité du problème au moment du remplissage du questionnaire.

La prévention des TMS au travail

La prévention des TMS passe par un dépistage préalable des situations de travail à risque, puis par une intervention ergonomique. La démarche de prévention des troubles musculo squelettiques repose sur 4 étapes pour une phase d'intervention :

Mobiliser : la démarche demande la compréhension des enjeux et l'adhésion d'une démarche de prévention. Cette étape permet de motiver tous les acteurs, de constituer des groupes de travail, de définir des objectifs précis, des échéances et des critères d'évaluation de l'efficacité.

Investiguer : c'est informer et organiser la concertation, c'est-à-dire reconnaître le risque, analyser les situations et identifier les facteurs de risque dans le secteur ou le poste de travail. Cette étape est réalisée via des entretiens avec les salariés. Le taux de turnover, l'absentéisme, les types de contrats, la répartition par âge, le fonctionnement global du processus de production sont des exemples d'informations aidant à mieux comprendre la santé de l'entreprise. Analyser les situations de travail et identifier les facteurs de risque. L'évaluation des facteurs psychosociaux et organisationnels permet de s'intéresser aux facteurs d'intensification du travail. Cela comprend la fluctuation de la production, la gestion des aléas, la combinaison d'actions comme l'assemblage associé à un contrôle qualité. On prend également en compte la charge cognitive, les exigences émotionnelles et la perception qu'ont les salariés de leur avenir.

Maîtriser le risque : les actions ergonomiques ont pour but de modifier les situations de travail afin de réduire les contraintes qui pèsent sur les salariés. La réduction des sollicitations professionnelles aide à agir sur la conception des équipements de travail, des produits de fabrication et de l'organisation. L'information et la formation favorisent la maitrise du risque de TMS. Lorsque le salarié est informé des risques qu'il encourt, celui-ci est plus apte à les prévenir. Le maintien des capacités fonctionnelles via une activité régulière et d'exercices d'échauffement avant la prise de poste qui nécessite une grande exigence physique.

Évaluer : Cela permet de mettre en place des indicateurs de suivi pertinents, en cohérence avec les objectifs poursuivis à savoir l'état de santé des salariés face aux TMS. D'autres indicateurs en relation avec le processus de prévention peuvent aider à l'évolution de la démarche comme TMS Pros.

Troubles musculo-squelettiques la démarche PRO

Un service dédié aux entreprises permet de mettre en place un protocole TMS. En effet, TMS Pros est une offre de service mise à disposition par l'Assurance maladie-risques professionnels pour les aider à prévenir les TMS et les lombalgies. TMS Pros comprend quatre étapes essentielles à savoir :
 
  • Suis-je concerné ?
  • Par quoi commencer ?
  • Comment agir ?
  • Quels résultats pour mon entreprise ?

Des méthodes et des outils aident à définir des actions de prévention adaptées à la situation de l'entreprise.
Elles peuvent porter sur :
 
  • La conception des outils ou des produits ;
  • Le matériel ;
  • L’aménagement des postes ;
  • L’organisation du travail.

La prévention des TMS consiste en plusieurs audits et à une formation et un suivi à long terme pour accompagner l'entreprise.
Le premier audit permet d'identifier les causes des TMS via une analyse :
 
  • Des gestes et postures des opérations en situations de travail ;
  • Des procédures de travail individuelles et/ou collectives ;
  • De l'ergonomie des outils ;
  • Des spécificités des postes ;
  • Des contraintes environnementales ;
  • Des carences physiologiques liées aux spécificités du poste de travail.

Le deuxième audit conclut à un rapport proposant des solutions adaptées pour optimiser :
  • L'ergonomie des outils ;
  • Les procédures de travail individuelles et collectives ;
  • Les gestes et postures de chaque poste ;
  • La condition physique des collaborateurs.

La formation se présente en différents thèmes pour comprendre le fonctionnement de l'organisme humain en situation de travail. Cela permet de connaître la biomécanique et ses limites en fonction du poste de travail. Cela aide à déterminer les qualités physiques nécessaires à la réalisation des diverses tâches. Elle contribue à l'apprentissage des gestes et postures adaptés au métier, en aidant à identifier et maîtriser les postures et les mouvements protecteurs en fonction des tâches professionnelles. Enfin, cette formation permet de maîtriser les exercices de développement des qualités physiques nécessaires au poste. Pour cela, il est conseillé de réaliser des exercices de renforcement des qualités physiques pour bénéficier d'un organisme plus résistant. Des exercices de récupération permettront de retrouver un état de forme optimal.