Troubles de la déglutition ou dysphagie : les causes et conséquences

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 13/09/2024 à 12h09, publié le 29/08/2024 à 12h08
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Troubles de la déglutition ou dysphagie : les causes et conséquences
La dysphagie est un trouble de la déglutition pouvant entrainer de graves conséquences pour les personnes qui en souffrent. Les fausses routes sont fréquentes et peuvent entrainer un étouffement et le décès des personnes les plus fragiles. Ce phénomène peut apparaître pour diverses raisons : neurologiques, structurelles ou liées à un traitement ou une maladie. Pharma GDD vous informe sur les causes, les conséquences, l’accompagnement et les solutions, notamment des plats dotés d’une texture adaptée pour réduire le risque de fausse route.

Qu’est-ce qu’un trouble de la déglutition ?

Les troubles de la déglutition que l'on appelle dysphagie est le phénomène qui apparaît chez certaines personnes qui éprouvent des difficultés à avaler. Ce trouble de la déglutition touche autant les aliments que les liquides. Ces derniers ne progressent pas normalement de la gorge et les personnes ont la sensation que des aliments ou des liquides sont coincés le long de l'œsophage. Il faudra différencier la dysphagie et la paresthésie pharyngée qui correspond à une sensation d'avoir une boule dans la gorge, sans avoir de mal à avaler. Les fausses routes peuvent aussi apparaître par la présence de glaires ou de salive.

Schéma de la déglutition
Source : portail-sla.fr

Les causes d'un trouble de la déglutition (dysphagie)

La déglutition est un réflexe inné chez la majorité des gens, mais cela demeure un processus complexe. Pour que la déglutition se passe normalement, le cerveau doit inconsciemment coordonner l'activité de nombreux petits muscles qui se situent dans la gorge et l'œsophage. Ces muscles doivent se contracter assez fort et dans le bon ordre afin de pousser les aliments de la bouche jusqu'à l'arrière de la gorge et les faire descendre dans l'œsophage. Enfin, la partie inférieure de l'œsophage doit se relâcher pour laisser les aliments rejoindre l'estomac.
La dysphagie peut être causée par :
  • Troubles du cerveau ou du système nerveux ;
  • Troubles des muscles en général ;
  • Troubles de l’œsophage : obstruction physique ou problème de motilité.

Les causes infectieuses et structurelles

L'œsophage peut être le lieu de prolifération de champignons, d'une mycose. Ces champignons viennent se déposer sur les parois et créer un obstacle lors du passage des aliments. On a affaire à une dysphagie basse.
Les troubles musculaires peuvent être causés par la myasthénie grave, une maladie auto-immune qui perturbe la communication entre les nerfs et les muscles, et qui a pour conséquence une faiblesse musculaire. Elle peut être causée par une dermatomyosite (une atteinte inflammatoire non infectieuse des muscles) ou une dystrophie musculaire. Cela peut être la conséquence d'un cancer de l'œsophage, des anneaux ou membranes de tissu à l'intérieur de l'œsophage et la formation de cicatrices au niveau de l'œsophage due à une exposition chronique au reflux acide ou à l'ingestion d'un liquide corrosif, ce qui va entrainer une obstruction physique. Une thyroïde augmentée, un renflement de la grosse artère thoracique, ce que l'on nomme un anévrisme de l'aorte, ou encore une tumeur située au milieu du thorax peuvent également être en cause.
Les troubles de l'œsophage (obstruction physique ou problème de motilité, de mouvement), notamment le spasme œsophagien ou l'achalasie, qui correspond à une affection caractérisée par une diminution significative des contractions rythmiques de l'œsophage. Dans ce cas de figure, le muscle œsophagien inférieur n'est pas suffisamment relâché pour laisser les aliments progresser vers l'estomac. Cela peut aussi être lié à une sclérose systémique ou sclérodermie.

Les causes neurologiques et iatrogènes

Les causes peuvent être dues à des troubles du cerveau ou du système nerveux, notamment l'AVC, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques et la sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot.
Les causes iatrogènes sont liées à la prise de certains médicaments, notamment les anticholinergiques et les diurétiques, une radiothérapie de la tête ou du cou, une chimiothérapie, entrainant une réduction de la production de salive. En effet, l'hypo salivation est une cause majeure d'altération de la déglutition par absence de lubrification.

Vieillissement ou presbyphagie

La motricité buccale s'altère avec l'âge, même chez les personnes en bonne santé. Ce déclin peut se manifester de diverses façons :
  • Les personnes âgées ayant une prothèse dentaire partielle ou complète peuvent connaître la réduction de la force des muscles masticateurs et de leur coordination. Cela va entrainer une tendance à avaler des bouchées trop grosses, ce qui va augmenter le risque d'étouffement ou de fausse route.
  • Le tonus musculaire de la partie inférieure de la face et des lèvres intervient en particulier chez les sujets édentés. L'atteinte du support osseux conduit à baver, à laisser échapper de la nourriture et des liquides, à mal fermer les lèvres lors de la prise alimentaire ou du sommeil. La fuite de salive que l'on appelle sialorrhée est généralement le premier symptôme de la dysphagie. Enfin, les troubles de la déglutition augmentent et le délai nécessaire pour le transfert de la nourriture de la bouche vers l'oropharynx, partie centrale du pharynx, à l'arrière de la bouche, augmente le risque de fausse route.

Évaluation des troubles de la déglutition

La dysphagie se manifeste par certains symptômes comme :
  • Des aversions alimentaires ;
  • Une durée de repas plus longue ;
  • Une dénutrition ;
  • Des fausses routes, une gêne pour avaler ;
  • Un fractionnement de la déglutition en plusieurs fois ;
  • Des reflux et régurgitations ;
  • Une stagnation buccale des aliments ;
  • Une hypersalivation ou bavage ;
  • Des fuites alimentaires par la bouche ou le nez ;
  • Une voix modifiée ;
  • Une cyanose ou une pâleur lors et après le repas ;
  • Des pics fébriles inexpliqués ;
  • Une dyspnée avec un encombrement bronchique.
Les professionnels de santé effectuent un entretien avec le patient et son entourage, car il est fréquent que la personne atteinte de dysphagie ne soit pas toujours consciente des signes évocateurs des troubles de déglutition. Différents questionnaires d'autoévaluation peuvent être utiles ainsi que l'observation de la posture, des capacités cognitives et praxiques du sujet, de la déglutition au repos et en action. L'écoute du timbre de la voix permet d'évaluer la qualité des sphincters laryngé et vélaire, qui est articulé près du voile du palais. Enfin, l'évaluation se conclut par un test de capacité fonctionnelle afin d'apprécier la fonctionnalité de la déglutition des solides et des liquides.

Les conséquences des troubles de la déglutition

La dysphagie complique la prise de repas et peut entrainer une perte de poids importante ainsi qu'une fonte musculaire, notamment chez la personne âgée, nommée sarcopénie. Dès 50 ans, la masse et la force musculaires diminuent de manière significative. Cette maladie retentit sur les performances physiques, favorise les troubles de la marche et constitue un facteur de fragilité chez les personnes âgées. Cette perte musculaire va entrainer une fragilité osseuse et augmenter les risques de chutes et de fractures entrainant une immobilisation, aggravant la sarcopénie. Ce cercle vicieux peut provoquer une dénutrition. En effet, la dénutrition correspond à un état dans lequel un organisme est en déséquilibre nutritionnel et correspond à un amaigrissement de 5% du poids en un mois ou de 10 % en six mois. Il faut savoir que la dénutrition peut entrainer de nombreux problèmes de santé, notamment chez les personnes âgées comme les chutes. Pour les personnes alitées ce phénomène va augmenter le risque d’escarres.  À terme, la dénutrition peut entrainer le décès du patient.

Les traitements d'un trouble de la déglutition

La prise en charge de la dysphagie se fait en plusieurs étapes :
  • La rééducation de la motricité bucco faciale avec un orthophoniste consiste à des exercices variés associant le chant, le théâtre, l'human beatbox (c'est-à-dire des bruits de percussion avec la bouche, le torse et le souffle), pour renforcer l'accolement des plis vocaux et le tonus du voile du palais.
  • Des massages sont réalisés en début de séance afin d'échauffer et assouplir les muscles du visage et en fin de séance pour les détendre. Le kinésithérapeute utilise un appareil (EMST) qui permet d'augmenter l'efficacité des mouvements musculaires lors de la respiration et de la déglutition.
  • Un accompagnement thérapeutique via la rééducation est mis en place pour aider les patients au quotidien en les informant sur les aliments et les boissons à risque.
Les personnes souffrant de troubles de la déglutition sont amenées à consommer des aliments adaptés avec une texture idéale et hyperénergétique pour assurer l’apport suffisant pour l’organisme, notamment les compléments nutritionnels oraux. Les desserts hyperprotéinés se présentent sous différentes formes avec des textures variées. Les patients ont le choix parmi des yaourts, des compotes, du riz au lait ou encore des crèmes desserts avec de multiples goûts.
Les crèmes hyperprotéinées ou encore, les riz au lait, les yaourts sont dotés d’une texture épaisse qui évite les fausses routes.


Des purées HP/HC et des céréales en poudre hyperprotéinées pour préparer une bouillie sont également conseillés pour les repas ou les petits déjeuners. Les céréales en poudre sont disponibles en multitudes de saveurs. La purée apporte une texture douce en bouche et un repas chaud riche en nutriments essentiels.

La dysphagie est un trouble très gênant pour l'hydratation, car l'eau étant une texture très fluide entraine des fausses routes. C'est pour cela que de l'eau gélifiée est conseillée. Il existe de l'eau gélifiée prête à l'emploi ou à reconstituer avec de l'eau à l'aide d'une fourchette qui vient se figer en seulement 1 minute. Cette boisson à la texture épaisse se prend à la cuillère et permet d’éviter la déshydratation.


Il sera également important de commencer le repas par l'aliment le plus calorique pour s'assurer d'un apport suffisant et garantir l'assimilation de protéines vitales pour le fonctionnement de l'organisme.
Les poudres épaississantes vont améliorer la texture d'une boisson trop liquide. Elles sont formulées à partir d'amidon de pomme de terre, de maïs, d'inuline de chicorée qui augmentent l'absorption des minéraux, notamment le calcium et le magnésium. De plus, l'inuline est un glucide issu de la racine de chicorée qui stimule l'appétit et soulage les troubles digestifs. Enfin, l'effet prébiotique favorise la croissance des bactéries intestinales bénéfiques améliorant le transit et aidant à équilibrer le système immunitaire. Elles peuvent être ajoutées dans une boisson froide ou chaude comme un café au lait ou un potage.

 
La posture, des couverts adaptés et la hauteur de la table doivent être respectés pour favoriser le bon déroulement de la déglutition lors du repas.

À retenir

Les troubles de la déglutition peuvent apparaitre pour diverses raisons, neurologiques, structurelles ou iatrogènes. Il est important de consulter dès les premiers symptômes pour bénéficier d’un diagnostic et d’un accompagnement médical, via des exercices. Des repas spécialement conçus pour les troubles de la déglutition sont fortement conseillés pour réduire le risque de fausse route et éviter l’apparition de certaines pathologies comme la sarcopénie ou la dénutrition.