APLV : que faire en cas d’allergie aux protéines de lait de vache ?

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 17/10/2024 à 12h10, publié le 27/07/2023 à 14h07
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APLV : que faire en cas d’allergie aux protéines de lait de vache ?
L’allergie aux protéines de lait de vache, connue sous le sigle APLV, est la troisième allergie alimentaire pédiatrique, présente chez 8% des enfants. Elle entraine de nombreux symptômes digestifs, dermatologiques et respiratoires dont la cause est le lactose, un sucre présent dans les produits laitiers issus du lait de vache. Elle touche principalement les nourrissons et les enfants de la naissance à trois ans et tend à disparaître ensuite. Cependant, il existe des cas où cette allergie perdure. Pharma GDD vous explique tout et vous présente les diverses solutions alternatives concernant l’alimentation, du lait infantile APLV, en passant par les desserts sans lait et les biscuits pour bébé.

Qu’est-ce que l’APLV ? 

L'allergie aux proténes de lait de vache chez les bébés et jeunes enfants, à ne pas confondre avec l'intolérance au lactose qui concerne les enfants et les adultes est un problème digestif causé par la consommation de lactose, présent dans les produits laitiers, comme le lait, le yogourt et les desserts à base de lait. L'allergie aux protéines du lait de vache touche environ 3 % des jeunes enfants et provoque de nombreux symptômes, mais elle n'est pas irréversible. Au fur et à mesure du contact avec le lactose, le système immunitaire va envoyer des anticorps, car l’organisme, dans le cas d’un APLV, considère que les protéines de lait de vache sont dangereuses. On a alors une réaction allergique avec une inflammation qui peut donner différents symptômes.

Quels sont les symptômes de l'APLV ?

L'APLV entraine divers symptômes digestifs comme des régurgitations, des vomissements, des diarrhées (dans 50% des cas), des coliques et des spasmes douloureux provoquant des pleurs et des troubles du sommeil chez bébé. Les diarrhées à répétition causées par l'allergie aux protéines de lait de vache provoquent un risque de déshydratation. En effet, en cas de diarrhée résultat d'une impossibilité des intestins à absorber le liquide contenu dans les selles. Le transit intestinal s'accélère, ce qui empêche l'assèchement des matières fécales. L'eau et les sels minéraux issus du corps sont anormalement véhiculés dans la paroi des intestins. Cette déshydratation nécessite l'emploi de solution de rééhydratation, c'est-à-dire un soluté hydro-glucido-électrolytique pour compenser la perte en eau et en électrolytes. 

Des manifestations dermatologiques de type éruptions cutanées, eczéma ou encore de l'urticaire sont présentes dans 30% des cas. Des traitements pour soulager l’eczéma sous forme de crème peuvent apporter un réconfort et réparer la peau. Cette allergie peut être d'ordre respiratoire dans 20% des cas, se présentant sous forme de dyspnée, de rhinite, sifflements respiratoires, asthme ou œdème pulmonaire. Enfin, il se peut que plusieurs symptômes coexistent.

Comment diagnostiquer une APLV ?

Il existe un diagnostic précoce de l'allergie aux protéines de lait de vache (APLV). Il faut savoir qu’un diagnostic tardif peut augmenter le risque d'apparition d'autres types d'allergies dans le futur. Le pédiatre allergologue commence sa consultation par un questionnaire médical avec des questions relatives à l'enfant, son alimentation, l'âge d'apparition des symptômes après la prise de laitage, l'âge de l'apparition des premiers symptômes allergiques, ainsi que l'historique familial. Le médecin procède à l'examen clinique de la peau de l'enfant, la palpation du ventre et le contrôle de la respiration. 

Les Prick tests

Enfin, il réalise les tests diagnostiques cutanés sur l'avant-bras appelés Prick tests. Il applique quelques gouttes de préparations à base de lait ou d'autres aliments sur l'avant-bras, puis une petite piqûre de l'épiderme est faite à travers cette goutte sur la peau. La réaction est dite positive lorsque la peau devient rouge et démange dans les minutes qui suivent la piqûre. Cela signifie que l'enfant peut être allergique à la préparation testée. Si aucune réaction ne se manifeste, l'enfant peut ne pas être allergique ou faire preuve d'une réaction allergique tardive. 

Les patch tests

Les patch tests sont une alternative qui consiste à appliquer sous un patch collé sur la peau du dos de l'enfant, l'allergène suspecté durant 24 à 72 heures. La lecture s'effectue 72 h après en comparant avec un patch "témoin" collé dans la même zone. On parle de test positif lorsque la peau apparaît rouge et plus gonflée. 

Test Rast ou tests sanguins

Le RadioAllergoSorbent Test est un test sanguin qui mesure la concentration d'immunoglobulines E. (IgE anti-lait) des agents spécifiques de défense de l'organisme contre les PLV. La détection positive signifie que l’enfant est sensibilisé aux PLV mais cela n’est pas synonyme d’allergie.

Test de provocation orale (TPO)

Le test de provocation orale est la méthode définitive et incontestable de la substance responsable des anticorps. Cela consiste à suppression le lait avec protéines de lait de vache pendant une période donnée dans l'alimentation du nourrisson puis sa réintroduction. Ce test est réalisé à l'hôpital pour assurer un encadrement médical en cas de réaction au test.

APLV : quelle prise en charge diététique ? 

Une fois le diagnostic confirmé grâce à une phase d'éviction et de réintroduction fait en milieu hospitalier, un régime excluant totalement les protéines de lait de vache doit être mis en place. Bien évidemment, le régime alimentaire des bébés APLV dépend de l'âge, le 4ème mois de vie étant le début de la diversification alimentaire. Avant la diversification, l'alimentation du bébé APLV diffère s’il est allaité ou pas. Après analyse et consultation, si l'enfant est allaité, le médecin proposera à la mère de suivre un régime sans protéines de lait de vache durant 2 à 3 semaines, en associant une supplémentation en fer, calcium et/ou Vitamine D nécessaires pour éviter toute carence et répercussions sur la croissance de l'enfant. C'est pour ces raisons, qu'il est important d'arrêter le plus tôt possible les évictions alimentaires. Si les symptômes du bébé disparaissent, il est alors possible d'élargir progressivement le régime maternel jusqu'à la quantité maximale tolérée par le bébé APLV. Il sera alors temps d’inclure graduellement le lait de vache durant la période de diversification alimentaire. Le plus souvent, l'allergie aux protéines de lait de vache guérit spontanément, mais dans d'autres cas, certains enfants ne tolèrent qu'une certaine quantité de produits laitiers.  L'allergie aux protéines de lait de vache disparait chez plus de la moitié des enfants vers l'âge d'1 an, et chez plus de 4 enfants sur 5 vers l'âge de 3 ans. Si cette méthode s'avère infructueuse, il sera nécessaire d'effectuer d'autres recherches pour un nouveau diagnostic et d'arrêter le régime sans protéine de lait de vache chez la maman. En l'absence d'allaitement ou en cas de refus d'un régime excluant les protéines du lait par la mère, plusieurs préparations sont disponibles pour nourrir bébé.

Hydrolysats poussés de protéines de lait de vache

La première option est l'utilisation d'hydrolysats poussés de protéines de lait de vache. Ces préparations pour lait APLV infantiles contiennent de petits peptides et des acides aminés provenant de la caséine ou des protéines du lactosérum. Ceux-ci sont tolérés par plus de 90% des bébés APLV. Vous avez le choix en Nutramigem LGG, Allernova et Allernova AR.

Lait infantile aux protéines de riz hydrolizées

Le lait de riz est une préparation en poudre à reconstituer comme tout lait infantile. En effet, il est formulé à partir de protéines de riz hydrolysées et contient tous les macronutriments, protéines, glucides, lipides et les micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides gras essentiels, acides aminés nécessaires à la croissance des bébés. Le lait infantile au lait de riz s'avère également être une excellente alternative aux préparations à base de lait animal. En effet, le mouvement végan fait de plus en plus parler de lui et de nombreux parents font le choix, APLV ou non, de donner à leur enfant une alimentation sans protéines animales tout en garantissant un équilibre nutritionnel. Le lait sans lait de vache Modilac aux protéines de riz peut être conseillé dès la naissance par un pédiatre.

Préparation infantile à base d'acides aminés

Les préparations à base d'acides aminés comme Neocate sont des denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales pour les bébés APLV sévères. Ces laits infantiles sont proposés lorsque l’allergie persiste malgré la consommation de laits infantiles aux hydrolysats poussés de protéines. Ce type de préparations est doté d'acides aminés davantage découpés, provoquant des selles molles, voire liquide, car elles sont comme prédigérées.

Moins riche en caséine le lait infantile de chèvre peut être une alternative bien que possiblement responsable d'allergie, du fait de la présence de protéines animales.

L'alimentation après 4 mois

L'âge de la diversification alimentaire a plusieurs fois été modifié. En cas d'allergie familiale ou d'intolérance, il était recommandé de retarder l'âge de la diversification alimentaire. Il s'est avéré que cela augmentait en fait la sensibilité allergique. C'est pourquoi, l'âge a été fixé à 4 mois, car cette période est la fenêtre de tir idéale pour présenter à l'enfant divers alimentaires au potentiel allergisant comme le beurre de cacahuète. En cas d'APLV, il est important d'exclure bien entendu le lait de vache, mais également les laitages de type yaourts, petits-suisses, fromages, desserts lactés, crème fraîche, beurre...
Il faut savoir que de nombreux aliments issus de l’alimentation industrielle de type petits pots, biscottes, pain de mie, pain brioché, biscuits, mayonnaises, béchamel ou encore purées instantanées en contiennent. C'est pour cela qu'il faut se fier essentiellement à la mention "sans lait" sur l'emballage et vérifier la présence de la mention : « Peut contenir des traces de lait ». Il est possible d’acheter biscuits pour bébé qui sont exempts de lait comme Picot Pepti-Junior Mes 1ers boudoirs sans lait. Il ne faut pas utiliser d'autres laits d'origine animale (chèvre, brebis, jument ou ânesse) car ils ne sont pas adaptés aux besoins nutritionnels des nourrissons et il existe un risque de réactions croisées avec le lait de vache. Il ne faudra pas opter pour les jus végétaux que l'on appelle laits de riz, d'amande, coco ou châtaigne. Ils ne doivent pas être consommés, car ils sont inadaptés à cette tranche d'âge et peuvent provoquer de graves carences nutritionnelles.
Les commerces d'alimentation et les pharmacies proposent de plus en plus de desserts sans lait pour bébé pour apporter tous les bénéfices nutritionnels et un plaisir gustatif à l'enfant. Ils sont formulés à partir de protéines de riz et d'amidon de maïs. En effet, les protéines de riz sont hautement assimilables et constituent une excellente source d'acides aminés.
Il faut également savoir que certains médicaments peuvent contenir du lait. Il est important d’informer le médecin ou le pharmacien de l’APLV de votre enfant.

L’APLV IgE-médiée et L’APLV IgE-non médiée

Dans certains cas, l'APLV ne disparaît pas et certaines formes sont graves et/ou persistantes. Il existe de types d'APLV :

APLV IgE-médiée

L'APLV IgE-médiée est la traduction d'un conflit entre les anticorps (IgE) anti-lait et les protéines du lait de vache. En cas APLV IgE-médiée avérée, il faut stopper tous produits contenant des protéines de lait de vache. Il est conseillé d'avoir sur soi une trousse d'urgence pour agir lorsque des manifestations allergiques initiales ont été sévères. 
Les symptômes cutanés sont le prurit (démangeaisons), l'érythème, l'urticaire, et l'angioœdème.
Le système digestif est également touché : angioœdème (gonflement des muqueuses) buccal et labial, nausées, vomissements en jet, douleurs abdominales intenses, diarrhée aiguë.
Les symptômes respiratoires sont la rhinite, le bronchospasme, la crise d’asthme et la conjonctivite.
Enfin, dans les cas les plus graves, cette allergie entraine un malaise, une perte de connaissance, une hypotension artérielle et un choc anaphylactique, nécessitant alors une injection d'adrénaline dans les plus brefs délais.
Un suivi allergologique est indispensable pour décider de la réintroduction du lait à effectuer en milieu hospitalier, via de nouveaux tests. 

APLV IgE- non médiée

L’APLV non IgE-médiée est la conséquence de réactions des cellules du système immunitaire contre les protéines de lait de vache sans intervention des anticorps IgE. La réaction est de type retardé, avec un intervalle de quelques heures à quelques jours entra la consommation de PLV et l'apparition des symptômes. 
Les symptômes de l'APLV non IgE-médiée sont variés et se manifestent de façon chronique, comme la toux, par un prurit, un érythème et une dermatite atomique de type eczéma. Les symptômes digestifs sont manifestement le reflux gastro-œsophagien, les coliques, les difficultés d’alimentation, les douleurs abdominales, la diarrhée chronique, du sang et glaires dans les selles, la constipation, l'anite ou encore des fissures anales. 
Cette allergie entraine également une anémie, carence martiale, une cassure de la courbe de poids et des troubles du sommeil.

À retenir

Il est important de ne pas confondre APLV et IPLV car le degré des symptômes et les conséquences ne sont pas les mêmes. En cas de symptômes vous faisant penser à une allergie aux protéines de lait chez votre bébé, il est important de consulter au plus vite un médecin, qui saura vous aiguiller et vous apporter un diagnostic. De nombreuses solutions alternatives au lait de vache sont disponibles pour offrir une alimentation équilibrée avec les besoins nutritionnels adaptés à l’âge de votre enfant via un lait infantile APLV, dessert sans lait ou encore des boudoirs pour susciter le plaisir gustatif à bébé. Dans la majorité des cas, cette allergie est présente durant la première année et tend à disparaître à l’âge de trois. Cependant, il existe des cas qui perdurent et qui peuvent être très graves. Il est dit que plus l’allergie est décelée tôt, moins il y a de risque de développer d’autres allergies.