Prostate : fonction, pathologies et traitements

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 25/10/2024 à 16h10, publié le 05/05/2020 à 14h05
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Prostate : fonction, pathologies et traitements
De la taille d'une prune chez l'adulte, la prostate ne concerne que l'appareil génital masculin dont elle assure la qualité du sperme. Bien souvent désignée comme le pendant masculin du cancer du sein, cette glande fait l'objet d'une attention toute particulière dès les premiers signes de vieillesse, à partir de 50 ans, voire un peu avant si un dysfonctionnement, même bénin, a été préalablement diagnostiqué. Les estimations en 2017 évoquaient une moyenne d'un peu moins de 50 000 cas dépistés par an en France pour 8 000 décès. Conscients qu'une prise en charge précoce augmente grandement les chances de rémission, les pouvoirs publics ont multiplié les campagnes de prévention et de dépistage via les réseaux médicaux (hôpitaux et médecins généralistes). Pour autant, le rôle de la prostate est assez peu connu du grand public, pas plus que ses diverses pathologies, mis à part le cancer. Pharma GDD vous explique son fonctionnement et les divers dysfonctionnements dont elle peut faire l'objet.

À quoi sert la prostate ?

Description anatomique

Située juste sous la vessie, en avant du rectum, la prostate intègre la cavité pelvienne de l'homme. Avec sa forme ovoïde d'environ 30 mm de hauteur et 20 mm de diamètre, elle présente la particularité d'enrober le canal de l'urètre à partir du col vésical. Sur sa face supérieure, entre la vessie et le rectum, se trouvent deux vésicules séminales prolongées par les conduits déférents qui pénètrent à l'intérieur de la prostate avant de se connecter à l'urètre via les canaux éjaculateurs. Sa structure lobulaire est composée de fibres musculaires lisses, de vaisseaux sanguins et de terminaisons nerveuses qui en font un organe particulièrement innervé et vascularisé. Elle sécrète le liquide prostatique et se développe au moment de la puberté pour atteindre son volume adulte avec un poids moyen de 20 g.

Rôle de la prostate

Le liquide prostatique qu'elle sécrète participe à la composition du sperme, à hauteur de 20 %, environ. Riche en calcium, en protéines et en zinc que la prostate prélève dans le sang, ce liquide est stocké dans les vésicules séminales avant d'être expulsé via les canaux déférents sous l'effet de la contraction de l'organe au moment de l'éjaculation. Arrivant dans les canaux éjaculateurs, il se mélange aux spermatozoïdes provenant des testicules pour former le sperme final. Son rôle n'intervient pas directement dans la fécondité, mais y contribue en enrobant les spermatozoïdes pour leur donner un certain volume et en renforçant leur « vigueur » grâce à ses nombreuses protéines. Par ailleurs, sa nature alcaline neutralise l'acidité du vagin qui risquerait d'endommager, voire de détruire les gamètes avant qu'elles n'atteignent l'ovule pour la féconder.

Auscultation et diagnostic

Comme de nombreux organes victimes du vieillissement naturel et aux hormones, la prostate bénéficie d'une attention spécifique à partir d'un certain âge afin de vérifier qu'elle ne comporte aucune anomalie qui porterait en elle le signe avant-coureur d'une pathologie sérieuse. Préconisée vers 40 ans et puis de manière régulière, l'auscultation de la prostate peut être faite de différentes manières.

Touché rectal

L'examen le plus courant et le plus simple consiste à introduire un doigt dans le rectum jusqu'à la zone où se trouve la prostate afin de la palper à travers la paroi rectale et de déterminer sa taille et sa forme. Cet examen indolore, mais redouté par tant d'hommes pour son aspect très intime, permet au médecin d'établir une première tendance et d'engager des examens plus poussés si nécessaire. Pour des raisons évidentes d'hygiène et de confort du patient, cette méthode d'auscultation est réalisée avec un gant d'examen ou un doigtier. De nombreux équipements de protection médicale sont disponibles en fonction des préférences et des risques d'allergie au latex. Des produits lubrifiants sont aussi appliqués dans le but de limiter les irritations lors de l'introduction du doigt.

Dosage PSA

Destiné à fluidifier le sperme et ainsi à favoriser le déplacement des spermatozoïdes, l'antigène prostatique spécifique naturellement fabriqué par la glande, est utilisé pour diagnostiquer d'éventuelles pathologies, comme le cancer de la prostate notamment. Il s'est avéré, en effet, qu'une importante concentration dans le sang serait un indicateur particulièrement éloquent de la maladie. Ainsi, si le taux « normal » de PSA est identifié à 4 ng·ml-1, il devient alarmant dès lors qu'il se situe entre 4 et 10 ng·ml-1. Ce dépistage s'effectue par prélèvement sanguin lors d'une période éloignée de tout rapport sexuel, toucher rectal ou activité physique susceptibles d'augmenter le taux et donc de fausser le résultat.

Échographie

L'imagerie par ultrasons est une technique couramment utilisée pour visualiser les parois de la prostate ainsi que son volume tout en laissant la possibilité d'explorer les organes collatéraux qui peuvent témoigner d'un dysfonctionnement ou d'une pathologie. L'échographie est, en effet, utilisée afin d'ausculter les reins et la vessie pour y déceler d'éventuels résidus vésicaux post-miction. Le scanner vésical permet de réaliser des échographies précises de la vessie. L'échographie permet également de guider la main du praticien lors d'une biopsie prostatique par voie transrectale.

Urodynamique

La prostate étant organiquement liée à l'appareil urinaire, l'examen de ce dernier peut être une source d'information particulièrement pertinente. En l'occurrence, l'urodynamique permet de contrôler l'état du débit de la vessie. Trois méthodes sont à la disposition des médecins :
  • La débitmétrie qui vérifie la régularité de la miction.
  • La cystomanométrie qui utilise un sérum physiologique dans le but de surveiller le fonctionnement de la vessie et de ses parois face aux différentes pressions musculaires qu'elle subit.
  • La profilométrie urétrale, enfin, qui teste la qualité des sphincters à l'aide d'une petite sonde retirée progressivement de la vessie.

IRM

L'imagerie par résonance magnétique est principalement réalisée dans le cadre d'un bilan du cancer de la prostate déjà dépisté ou suspecté à la suite de résultats négatifs de biopsie. La qualité d'image et la possibilité de produire des rendus en 3 dimensions rendent ce dispositif très fiable et précis.

Radiologie

Du fait des risques allergiques aux produits iodés contrastants qui sont injectés lors d'une radiologie, cette dernière est de moins en moins utilisée au profit de l'échographie.

Les pathologies de la prostate

À la suite des auscultations, qu'elles soient routinières ou plus spécifiques, le diagnostic permettra de déterminer si oui ou non la prostate comporte des anomalies bénignes ou malignes. Si le principal trouble concerne l'adénome et reste relativement bien traité, elle peut être bien plus inquiétée dans le cas d'un cancer, en particulier si celui-ci n'est dépisté que tardivement.

Adénome de la prostate

Désigné sous le sigle HBP pour hypertrophie bénigne de la prostate, l'adénome prostatique correspond à une tumeur bénigne qui peut faire grossir la glande jusqu'à 24 % de son volume originel. Ses causes demeurent encore très floues et seraient reliées au vieillissement naturel de l'organisme, expliquant au passage la raison pour laquelle elle se manifeste à partir de 50 ans. Toutefois, un dysfonctionnement hormonal, et plus précisément des œstrogènes, que l'homme possède en petite quantité, serait un responsable notoire. En revanche, l'adénome prostatique n'a rien à voir avec le cancer vers lequel il n'évoluera en aucun cas.

L'augmentation du volume de la prostate et de sa structure lobulaire interfère directement sur l'urètre qu'elle va compresser et rétrécir, au point de bloquer le passage de l'urine lors de la miction. Il s'ensuit des difficultés et des douleurs au moment d'uriner, voire une rétention aiguë. Mal vidangée, la vessie est soumise à la prolifération des bactéries et des infections urinaires qui peuvent altérer les voies urinaires et remonter même jusqu'aux reins et la septicémie. Avec le temps, les parois de la vessie sont également endommagées et perdent de leur tonus mettant à mal le processus de miction. Enfin, l'accumulation de résidus vésicaux favorise la formation de calculs qui finissent par bloquer le col vésical et empêchent la vidange des urines.

Traitements médicamenteux

L'hypertrophie bénigne de la prostate se détecte généralement par toucher rectal et peut être confirmée par les tests PSA et urodynamique. Le choix du traitement dépendra ensuite du niveau de sévérité et de la gêne qu'elle occasionne chez le patient.

Les médicaments les plus couramment utilisés sont les alpha-bloquants. Leur action cible directement les muscles lisses de la prostate et sur le col vésical qu'ils détendent pour permettre le passage des urines. Ils ont toutefois les désagréables inconvénients de fatiguer l'organisme et de perturber l'éjaculation.

Un autre traitement consiste à administrer des inhibiteurs de la 5-alpha réductase, une enzyme qui favorise la production de dihydrostérone. Cette hormone androgène participe à la puberté et au développement de la prostate. Son inhibition permet de bloquer le grossissement anormal de la glande après 50 ans. Plus lents, les effets de ce traitement sont cependant plus durables. Seuls bémols, ils impactent négativement l'érection, la libido et la fertilité. Ils provoqueraient également de la dépression chez le patient. Une thérapie combinant les deux traitements est aussi possible.

Vous retrouverez notamment des médicaments contre les troubles de la miction liés à une hypertrophie de la prostate, dans notre section dédiée aux autres médicaments.
Il existe également des compléments alimentaires à base de plantes comme le Serenoa repens, les graines de courge ou l'ortie, destinés au confort urinaire des hommes, comme les gélules Prostavit Bional ou Deprox des produits Besins Healthcare contenant de l'extrait de pollen.

Une souche homéopathique comme Sabal serrulata peut être proposée en cas de grosse prostate entraînant des difficultés à uriner. 

Intervention chirurgicale

Dans les cas où les traitements médicamenteux sont sans effet ou tout au moins insuffisants, une intervention chirurgicale peut être réalisée afin de résorber l'hypertrophie. Elle fera l'objet d'un avis préalable du médecin qui évaluera les chances et l'option préconisée en fonction des facteurs physiologiques du patient. La plus courante concerne la résection transurétrale de la prostate et consiste à introduire un outil dans l'urètre jusqu'au niveau de la vessie afin de retirer des copeaux de tissus hyperplasiés et ainsi libérer le passage de l'urine. Malheureusement, cette opération n'est pas sans conséquence puisque au-delà des hémorragies et de la formation de caillots dans la vessie, elle est susceptible de provoquer des éjaculations rétrogrades.

Une autre technique, l'incision transurétrale de la prostate, est indiquée en cas d'hypertrophie peu sévère. Il s'agit pour le praticien de réaliser de petites incisions dans le col de la vessie afin d'améliorer la miction. Cette opération s'attache moins à résorber à l'adénome qu'à désobstruer le canal de l'urètre et le col de la vessie. Elle peut d'ailleurs faire l'objet d'interventions ultérieures.

En revanche, si la prostate atteint un volume trop important et une masse proche de 100g, une chirurgie ouverte est pratiquée au niveau de l'abdomen afin de retirer une partie de la glande. Les principaux effets secondaires sont une éjaculation rétrograde et de l'incontinence. En effet, il existe des protections anatomiques pour homme pour absorber les fuites. D'autres méthodes moins invasives sont aussi possibles : Micro-ondes, radiofréquences ou ultrasons.

Prostatite

Causes et symptômes

La prostatite est une inflammation de la prostate causée dans la grande majorité des cas par une bactérie intestinale, l'Escherichia coli. Le bacile de koch peut être aussi responsable, mais de façon plus rare. Elle peut être aussi causée par une contamination lors de rapports sexuels non protégés (gonocoque ou chlamydia). Chronique ou aiguë, la prostatite s'accompagne de fièvre, des douleurs dans le bas du ventre et de brûlures urinaires. Elle peut être identifiée par le test de Meares et Stamey, un examen microbiologique.

Traitements

Les antibiotiques par voie orale sont le traitement principal qui se base notamment sur les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième génération. Pour les prostatites chroniques, le médecin prescrira également des alpha-bloquants, de la finastéride, un anti-inflammatoire non stéroïdien ou encore un relaxant musculaire.
Il est possible d'ajouter à ces traitements, la souche homéopathique Prostate

Cancer de la prostate

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l'homme et se déclare aux alentours de la cinquantaine. Il évolue lentement et se manifeste sous la forme d'une tumeur localisée la majeure partie du temps dans la prostate avec de très rares migrations. Totalement indépendant de l'hypertrophie bénigne de la prostate, il occasionne des douleurs, de l'incontinence et des troubles de l'érection. Toutefois, son impact sur l'état de santé général reste le plus souvent mineure et n'est que rarement mortel.

La prédisposition génétique demeure l'une des principales causes, en particulier la mutation du chromosome 8. Il ne touche pas non plus de la même manière toutes les ethnies et serait ainsi plus fréquent chez les hommes de descendances africaines, puis caucasiennes et serait plus rare chez les ethnies asiatiques. Toutefois, des études montrent que ces risques sont également corrélés à l'alimentation et aux modes de vie puisque des personnes d'origines ethniques moins sensibles aux cancers de la prostate seraient malgré tout plus touchées que leurs congénères lorsqu'ils migrent vers un pays d'une ethnie sensible. D'autre part, si l'hypertrophie bénigne ne conduit pas au cancer, la prostatite expose en revanche plus volontiers à des risques cancéreux.

Enfin, une vie saine préserve plus facilement des risques, en particulier une alimentation équilibrée et une absence de tabagisme.
Le dosage PSA et le toucher rectal permettent d'identifier rapidement une éventuelle tumeur qui sera confirmée par l'échographie ou l'IRM.

Chirurgie

Les cellules cancéreuses peuvent être retirées par intervention chirurgicale appelée prostatectomie. Cette opération est partielle quand seuls les tissus lésés sont retirés ou totale lors que la prostate est complètement gangrenée et doit être retirée. Les vésicules séminales susceptibles d'être touchées feront également l'objet d'une ablation. Cette intervention se fait, soit par chirurgie ouverte, soit par cœlioscopie abdominale. Efficace si la tumeur est localisée sur la prostate et moyennement sévère, la chirurgie entraîne des désagréments notoires comme de l'incontinence et des troubles de l'érection, bien que ces inconvénients soient de plus en plus évités par les récents progrès de la médecine.

Traitement hormonal

La croissance des cellules cancéreuses se fait grâce à la présence des hormones mâles, comme la testostérone notamment. Le traitement hormonal consiste ainsi à bloquer la production de ces hormones dans le but de limiter le développement de la tumeur et, à terme, la résorber. L'administration peut être faite soit par voie orale, soit par injection sous-cutanée.

Radiothérapie

Deux méthodes de radiothérapie existent. La première utilise des radiations électromagnétiques émises par un appareil externe visant à détruire les cellules lésées par la tumeur, avec le risque de toucher aussi les cellules saines. La deuxième, appelée curiethérapie, s'appuie sur les rayons émis par des grains radioactifs insérés dans la prostate. Cette dernière a l'avantage d'avoir une action ciblée.

Chimiothérapie

La chimiothérapie n'est préconisée qu'en cas d'échec du traitement hormonal. D'ailleurs, pendant longtemps, cette méthode consistant à administrer des médicaments cytotoxiques par voie orale ou intraveineuse ne donnait que peu de résultats probants. Toutefois, depuis quelques années, de nouvelles molécules ont montré de bonnes dispositions dans la guérison du cancer de la prostate comme le docetoxal, le cabazitaxel ou le mitoxantrone. Les effets secondaires sont souvent inévitables, mais ils diffèrent dans leur fréquence et leur intensité en fonction des patients. Les plus récurrents sont des nausées, des diarrhées, de la fatigue et la perte d'appétit, ainsi que la perte de cheveux et de poils.

Ce qu'il faut retenir

La prostate est un organe réservé aux hommes et participe à la qualité du sperme en le rendant plus fluide et épais dans le but de protéger les spermatozoïdes de l'acidité du vagin et leur offrir ainsi plus de chances de féconder un ovule. Très discrète jusqu'à un certain âge, elle connaît des complications vers la cinquantaine quand elle se met à grossir plus que de raison, interférant dans l'écoulement de l'urine dans l'urètre qu'elle enserre. Outre les douleurs qu'elle peut occasionner, elle entraîne également de l'incontinence. Elle est aussi sujette au cancer qui représente un des pathologies les plus fréquentes chez l'homme. Heureusement, ses conséquences ne sont que très rarement mortelles et ses traitements efficaces. Il est cependant primordial de faire ausculter sa prostate le plus tôt possible (entre 40 et 45 ans) et de conserver une hygiène de vie saine.

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