« Pipi au lit » : comment traiter l’énurésie ?

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 23/10/2024 à 16h10, publié le 02/10/2018 à 06h10
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« Pipi au lit » : comment traiter l’énurésie ?
L’énurésie est le terme médical donné aux fuites urinaires qui surviennent pendant la nuit, lors du sommeil. C’est un trouble fréquent chez les enfants, qui disparaît généralement avec l’âge. Il peut être mal vécu par les parents comme par l’enfant, en particulier lorsqu’il perdure.
Dans tous les cas, l’enfant n’est pas responsable. Les causes de l’énurésie peuvent être multiples : vessie immature, problème hormonal, sommeil très profond… La rééducation et l’adoption d’une hygiène de vie adaptée suffisent souvent à traiter le trouble urinaire. Si ces mesures ne suffisent pas, il reste la solution médicamenteuse.
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Qu'est-ce que l'énurésie ?

L’acquisition de la propreté se fait progressivement chez l’enfant. Pendant la première année suivant la naissance, le bébé urine par réflexe, dès que la pression à l’intérieur de sa vessie dépasse un certain seuil. Progressivement, par la suite, ce qui était un réflexe devient un acte conscient, dépendant de la volonté de l’enfant, et lors de la troisième année, il apprend à maîtriser ses mictions (l’acte d’uriner) en journée. La propreté nocturne est plus tardive : l’enfant cesse de faire « pipi au lit » au cours de la quatrième année. L’acquisition de la propreté est généralement plus rapide chez la fille que chez le garçon.
Ces dates ne sont qu’indicatives ; chaque enfant grandit à son rythme. Chez certains, ces apprentissages seront plus tardifs, chez d’autres, plus précoces. Ainsi, un cinquième des enfants cessent de mouiller leur lit à l’âge de trois ans. Deux ans plus tard, ce sont 90 % des enfants qui n’ont plus de mictions pendant leur sommeil.

L’énurésie est le terme donné à l’absence de contrôle de la miction chez l’enfant âgé de plus de 5 ans, la nuit, lors de son sommeil. C’est un phénomène totalement inconscient et involontaire.

Ce trouble urinaire peut être modéré, lorsque l’enfant mouille son lit une fois par semaine, moyen, s’il urine en dormant une à deux fois dans la semaine, et sévère s’il a au moins trois épisodes hebdomadaires d’énurésie.
Elle est qualifiée de primaire quand l’enfant n’a jamais acquis la propreté nocturne (situation de 80 % des enfants énurétiques), et de secondaire lorsqu’il a fait des « nuits sèches » pendant au moins 6 mois, mais qu’il a recommencé à uriner au lit (20 % des enfants énurétiques).
Elle est dite isolée quand l’enfant est « propre » pendant la journée. Quand il connaît également des troubles de la miction le jour, elle est alors « associée » ou « polysymptomatique ». C’est une situation totalement différente, que le médecin doit étudier rapidement, à l’aide d’examens complémentaires (bandelette urinaire pour identifier une éventuelle infection urinaire, échographie pour détecter une éventuelle malformation de ses voies urinaires…).
L’énurésie isolée est généralement sans cause grave. Mais elle inquiète les parents et elle est parfois source de tensions que l’enfant peut percevoir, et qui l’atteignent, menant à une baisse de son estime de soi. Face à ce trouble, certaines familles réagissent en punissant l’enfant ou en le culpabilisant, ce qui ne fait que le perturber davantage alors qu’il s’agit d’un processus involontaire.
Les fuites urinaires gênent aussi les activités sociales de l’enfant, pourtant importantes dans son développement : difficile pour lui d’aller dormir chez des amis ou de passer un séjour en colonies de vacances…

Quelles sont les causes de l'énurésie ?

Normalement, le fonctionnement de la vessie se fait en deux temps : la phase de remplissage et la phase de vidange. Lors de la première phase, la couche musculaire entourant la vessie se détend, permettant son remplissage par l’urine, pendant que les muscles responsables de la sortie de l’urine se contractent. C’est l’inverse qui survient lors de la phase de vidange.
Ces muscles sont contrôlés par le système nerveux.
La vasopressine est une hormone anti-diurétique. Elle connaît une forte sécrétion lors du sommeil, permettant ainsi d’éviter d’avoir à se lever pour aller uriner.

Les causes de l’énurésie peuvent être multiples. C’est parfois un ensemble de facteurs qui sont à l’origine du trouble :
  • il y aurait une cause génétique, des études ayant identifié des gènes impliqués dans ce trouble urinaire,
  • l’enfant énurétique a un sommeil que les parents qualifient souvent de « lourd ». Il est difficile à réveiller. C’est la raison pour laquelle il ne s’éveillerait pas pour aller aux toilettes,
  • sa vessie et le système de contrôle manquent de maturité,
  • la constipation, par son influence sur les muscles de la vessie, peut provoquer l’énurésie,
  • dans certains cas, la vasopressine, l’hormone anti-diurétique, n’est pas émise en grande quantité pendant la nuit, ce qui conduit l’enfant à uriner pendant son sommeil,
  • l’obstruction des voies aériennes supérieures, responsable de ce que l’on appelle une hypercapnie, peut engendrer ce trouble urinaire,
  • les enfants atteints d’un syndrome du déficit de l’attention ont une fréquence d’énurésie augmentée,
  • les facteurs familiaux et éducatifs jouent un rôle, en particulier quand elle est secondaire. 

Les solutions en cas d'énurésie

L’énurésie est parfois difficile à vivre pour l’enfant et désespérante pour les parents, qui se sentent démunis face à ce phénomène inconscient et involontaire. Mais ce trouble urinaire n’est pas sans solutions, qui ne nécessitent pas toujours la prise d’un médicament. Il faudra simplement s’armer de patience et de bienveillance envers l’enfant.

La rééducation de la miction diurne

S’il est impossible de rééduquer l’enfant pendant son sommeil, il est en revanche envisageable de le faire pendant la journée, lorsqu’il est conscient. Ainsi, il faut lui apprendre à uriner à intervalles réguliers, intervalles qui seront ensuite accrus. Cela aide à faire maturer la vessie et son système de contrôle. Cette solution convient surtout aux énurétiques primaires à vessie de petite taille. Elle est moins adaptée pour le traitement des énurésies secondaires.

Les mesures d’hygiène de vie en cas d’énurésie

Certaines boissons augmentent la production d’urine : liquides sucrés ou lactés notamment, de même que les eaux à haute teneur en minéraux. Les plats salés donnent également envie d’aller aux toilettes. Pour diminuer le risque de nuits mouillées, ces boissons sont à éviter pour l’enfant.
Idéalement, il doit apprendre à aller 5 à 6 fois aux toilettes pendant la journée et réduire sa consommation d’eau à partir de 18 h. Enfin, toujours pour réduire le risque de « pipi au lit », il soulagera sa vessie immédiatement avant d’aller se coucher.

Les bons gestes face à ce trouble urinaire

Il est très important de dédramatiser l’énurésie. C’est un phénomène inconscient que l’enfant peut très mal vivre. Pour lui, ces fuites urinaires peuvent être à l’origine de culpabilité, de honte et de baisse de l’estime de soi.
Pour ne pas aggraver la situation, il convient de ne pas punir l’enfant pour ce phénomène qu’il ne contrôle pas. Pour démystifier ce qu’il vit, il faut lui expliquer ce qu’est l’énurésie en termes qu’il est en âge de comprendre. Il doit être impliqué dans la résolution du trouble, ce qui l’aidera à adopter des mesures visant à le stopper.
Suite à l’adoption des mesures d’hygiène de vie, l’enfant peut tenir un calendrier de suivi sur lequel il indiquera ses nuits sèches et ses nuits mouillées pour noter son évolution. Les nuits sans « pipi au lit » feront l’objet de récompenses. L’enfant peut aussi, sans que cela soit présenté comme une punition, participer aux changements de draps.
Des veilleuses bien placées aideront l’enfant à vaincre sa peur du noir et à se déplacer aux toilettes la nuit, facilitant la résolution du trouble urinaire.
Dans certains cas, sur avis pédiatrique, l’enfant bénéficiera d’un suivi psychothérapeutique pour traiter ces conséquences psychologiques.

Il est essentiel de garder l’enfant sec, pour éviter qu’il ne s’habitue au contact de l’humidité.
Le retour aux couches n’est pas une solution face à l’énurésie. Ce serait un retour aux changes qu’il a quittés quelques années auparavant. Pour autant, inutile de devoir systématiquement laver pyjamas et sous-vêtements : il existe des culottes de nuit absorbantes jetables spécialement conçues pour les enfants mouillant leur lit. Pour les adultes qui seraient également touchés par l'énurésie, il existe notamment des changes avec ceinture, comme ceux de la marque Tena.
Quant à la literie, elle peut être protégée à l’aide d’alèses lavables ou à usage unique.
  Ces culottes jetables et alèses allégeront la corvée de linge et faciliteront la vie des parents en attendant la résolution de l’énurésie.

À éviter :

  • Gronder l’enfant ou le culpabiliser est inutile et néfaste,
  • La technique consistant à réveiller l’enfant au milieu de la nuit pour l’inciter à aller aux WC et vider sa vessie n’est plus recommandée. Cela va surtout avoir pour conséquence de perturber le sommeil de l’enfant et des parents.

L’alarme

Des systèmes d’alarme spéciaux ont été mis au point pour lutter contre l’énurésie. Ils se déclenchent lorsqu’ils détectent les premiers jets d’urine et sonnent, réveillant l’enfant et lui faisant prendre conscience qu’il est en train d’uriner. Ainsi, l’enfant se lève et finit sa miction aux toilettes, minimisant le mouillage du lit et des vêtements. Progressivement, il va se créer un lien entre vessie devant être vidangée et réveil.
Ces systèmes sont à privilégier dans le cas d’enfants âgés de plus de 6 ans et qui mouillent souvent leur lit. Il faut garder à l’esprit que ces alarmes réveilleront également les autres membres de la famille (parents, frères et soeurs) ; elles exigent donc une implication et une grande motivation des proches.

Les médicaments contre l’énurésie

Si l’adoption de l’hygiène de vie et la rééducation diurne ne suffisent pas à résoudre l’énurésie, il reste la solution médicamenteuse.
Elle repose sur la prise de desmopressine. Ce médicament est un analogue de la vasopressine, il imite son fonctionnement, entraînant une baisse de la sécrétion d’urine. Il compense la perturbation du cycle de la vasopressine.
La desmopressine est très efficace et aussi bien tolérée. Elle peut avoir pour effets secondaires des maux de tête et des troubles gastro-intestinaux. Surtout, elle entraîne une baisse du taux de sodium dans le sang. Elle oblige à faire très attention aux apports en liquide donnés à l’enfant.

L’autre médicament utilisé en cas de « pipi au lit » est l’oxybutine. Cet antispasmodique a pour effet de relaxer les muscles entourant la vessie et donc permet l’augmentation de sa contenance. Il est prescrit pour les enfants ayant une vessie de petite taille.

L’homéopathie en cas d’énurésie

Les souches recommandées sont Causticum, Chloralum, Kreosotum et Sepia si l’enfant urine en début de nuit, Plantago en cas d’énurésie occasionnant des mictions abondantes et Benzoicum acidum si les urines laissent des taches sur les draps et les vêtements et qu’elles sentent fortement.
Belladonna et Opium sont les souches adaptées pour les enfants au réveil difficile.

L’aromathérapie en cas d’énurésie

On peut essayer le mélange des huiles essentielles de marjolaine à coquille, de cyprès et de lavande fine, diluées dans de l’huile végétale d’amande douce. Le soir venu, quelques gouttes de la préparation obtenue seront appliquées sur le plexus solaire et sur la plante des pieds de l’enfant.

Attention, l’huile végétale d’amande douce ne convient pas pour les personnes souffrant d’allergies aux fruits à coque. L’utilisation des huiles essentielles par les femmes enceintes est déconseillée – le massage est donc à déléguer au père ou au compagnon. Dans le cas de l’énurésie, les huiles essentielles ne doivent pas être administrées oralement, mais appliquées sur la peau. Elles sont uniquement destinées aux enfants âgés de plus de 6 ans. Demandez conseil à votre pharmacien.

Doit-on consulter en cas d'énurésie ?

L’énurésie se résout normalement sans problèmes. Dans certains cas, la consultation rapide d’un médecin est nécessaire. C’est le cas si le trouble urinaire  :
  • est associé à une incontinence diurne,
  • ne cesse pas après quelques semaines malgré les mesures mises en œuvre,
  • est « secondaire », c’est-à-dire apparu après une période de nuits sèches de plusieurs mois,
  • persiste après l’âge de 6 ans,
  • s’accompagne de troubles de l’attention,
  • est à l’origine de difficultés familiales ou s’il est très mal vécu par l’enfant.
L’énurésie est un problème courant, qui peut susciter des tensions familiales importantes et perturber l’enfant. Ce dernier n’est pas responsable du phénomène, les fuites étant indépendantes de sa volonté. Quelques mesures simples permettent de faire cesser ce trouble urinaire. S’il persiste, des médicaments efficaces et bien supportés peuvent être prescrits.

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