Les médicaments et la chute de cheveux

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 21/10/2024 à 16h10, publié le 03/06/2015 à 09h06
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Les médicaments et la chute de cheveux
Les chutes de cheveux sont souvent très mal vécues, que ce soit par les femmes ou les hommes. Les causes de l’alopécie sont multiples et les médicaments figurent parfois parmi les responsables de cette perte de cheveux. L’exemple le plus connu est la chimiothérapie. Sa manifestation la plus évidente est sans doute la tête chauve, devenue le signe visible du traitement contre le cancer. Mais les médicaments utilisés lors des chimiothérapies ne sont pas les seuls à être à l’origine d’une alopécie.
Ces chutes de cheveux sont-elles réversibles ? Quels traitements conduisent à une alopécie ? Comment identifier un médicament responsable d’une perte de cheveux ? Pharma GDD répond à ces questions dans cette fiche conseil.

La vie du cheveu

Certains médicaments sont à l’origine d’une alopécie. Mais toutes les chutes de cheveux dues aux médicaments ne sont pas identiques. En effet, le cheveu passe par plusieurs phases lors de sa vie. Certains médicaments entraînent une perte de cheveu lors d’une de ces phases, d’autres lors d’une autre phase. Enfin, certaines alopécies médicamenteuses sont réversibles, d’autres non. Pour comprendre le phénomène, il faut d’abord comprendre comment le cheveu pousse.
 

De quoi est constitué le cheveu ?

Nous avons approximativement 120 000 cheveux, soit entre 150 et 350 cheveux par cm². Ces cheveux trouvent leur origine dans les follicules pileux. Il s’agit de petites cavités situées dans le cuir chevelu accueillant les racines des cheveux. Ces derniers sont constitués de couches de kératine, une protéine. Cette kératine est elle-même constituée de cellules mortes durcies et accumulées au niveau du follicule pileux. Le cheveu croît ainsi de un centimètre par mois, soit entre 0,3 et 0,4 mm/j.

Le cycle du cheveu

Tous les cheveux passent par 3 phases au cours de leur vie :
  • la phase anagène,
  • la phase catagène,
  • la phase télogène.
C’est lors de la phase anagène que le cheveu croît. Cette phase est la plus longue des 3 phases ; elle dure entre 3 et 6 ans. S’ensuit la phase catagène, qui voit la croissance du cheveu s’arrêter et le follicule pileux diminuer de volume. La durée de la phase catagène est en moyenne de 2 à 3 semaines. La phase télogène fait suite à la phase catagène. C’est une période de repos qui aboutit à la chute du cheveu au bout de 3 mois, repoussé par la nouvelle racine. L’ancien cheveu peut tomber avant s’il est tiré ou suite à un shampoing.
Quelques semaines ou quelques mois après la fin de la phase télogène, un nouveau cheveu est produit.
Cette succession de phases constitue un cycle dont la durée moyenne est de 4 ans.
Le nombre de follicules pileux est fixe et ne changera pas après la naissance. Chaque follicule peut assurer entre 10 et 30 de ces cycles.
Tous les cheveux ne sont pas synchronisés ; ils ne sont pas tous dans la même phase au même moment. Les follicules sont indépendants les uns des autres. A un instant donné, 80 % des cheveux sont en phase anagène, 1 % en phase catagène et le reste en phase télogène.

Il est donc tout à fait normal de perdre ses cheveux. Mais, parfois, la chute de cheveux est inhabituelle. Il est parfois difficile de savoir différencier une perte normale d’une alopécie.
Nous perdons entre 30 et 150 cheveux quotidiennement, avec de grandes variations d’un individu à un autre, et des variations au cours même de l’année. Ainsi, nous subissons une plus grande perte de cheveux au début de l’automne et également au printemps. Les femmes connaissent aussi une chute de cheveux quelques mois après l’accouchement, occasionnée par les bouleversements hormonaux durant cette période.
C’est la présence de cheveux en plus grande quantité que d’habitude sur les fauteuils, canapés, vêtements, oreillers et brosse à cheveux qui permet d’identifier la survenue d’une alopécie.

L’alopécie peut avoir plusieurs causes. L’une des principales est l’alopécie androgénétique, aussi appelée alopécie androgénogénétique. Elle est induite par un déséquilibre hormonal. Elle fait également intervenir des facteurs génétiques. Une maladie auto-immune serait à l’origine de ce que l’on appelle la pelade, caractérisée par des plaques sans cheveux. Des stress importants, des traumatismes peuvent également être la cause de pertes de cheveux. L’alopécie est parfois provoquée par l’arrachage des cheveux suite à un trouble psychique, c’est la trichotillomanie.

L’une des causes d’alopécie réside dans la prise de certains médicaments. C’est un phénomène important que le soignant doit avoir à l’esprit : la perte des cheveux peut avoir un fort impact psychologique, voire altérer le suivi du traitement par le patient.
Tout le monde n’est pas égal face à la chute de cheveux. Ainsi, un médicament ne provoquera aucune alopécie chez la majorité des personnes, mais occasionnera une perte de cheveux chez quelques patients.

La perte de cheveux lors de la chimiothérapie

C’est l’alopécie induite par les médicaments la plus connue. C’est aussi l’un des aspects les plus craints par les patients qui vont entamer une chimiothérapie. Mais cette chute de cheveux est parfois évitable grâce au port d’un casque réfrigérant.

La chimiothérapie et la chute des cheveux

La perte de cheveux provoquée par la chimiothérapie touche les cheveux en phase anagène. On parle d’effluvium (perte excessive de cheveux) anagène. C’est un des très rares, si ce n’est le seul, traitement médicamenteux à l’origine de chute de cheveux lors de cette phase.
Tous les traitements anti-cancéreux n’occasionneront pas systématiquement une chute de cheveux. Cela dépend du cancer et du médicament utilisé.
Ce qui explique l’alopécie survenant lors des chimiothérapies, c’est le mode d’action des médicaments anti-cancéreux. Les cellules cancéreuses se multipliant rapidement, ces médicaments, en particulier les antinéoplasiques, détruisent les cellules présentant cette caractéristique. Mais les cellules cancéreuses ne sont pas les seules à avoir cette spécificité ; c’est aussi le cas des cellules des cheveux, de la moelle osseuse ou des intestins. C’est ce qui explique la perte des cheveux, la diarrhée, les nausées et la fragilisation du système immunitaire que l’on observe parfois lors des chimiothérapies.

La chute des cheveux provoquée par la chimiothérapie survient entre 7 et 10 jours après le début du traitement. Elle peut également toucher les poils, les cils et les sourcils.

La perte de cheveux provoquée par la chimiothérapie est généralement réversible. Mais certains médicaments peuvent être à l’origine d’une alopécie permanente lorsqu’ils sont administrés à haute dose. Les alopécies permanentes demeurent des phénomènes rares.

Comment éviter la perte des cheveux lors d’une chimiothérapie ?

Le seul moyen actuel de la prévenir est le port d’un casque réfrigérant. L’idée est d’empêcher le médicament d’atteindre les follicules pileux grâce au froid. L’abaissement de la température entraîne une vasoconstriction (une diminution du diamètre des vaisseaux sanguins) et donc une diminution de la quantité de médicaments qui atteint les follicules pileux. Les activités biologiques et chimiques au niveau de ces derniers sont réduites.
Le casque réfrigérant a ses limites : il ne protège pas les cheveux contre certains médicaments. Il n’est pas recommandé en cas de cancer touchant le cuir chevelu. Il est inopérant en cas de chimiothérapie par voie orale ou dispensée en continu via une pompe.

Les solutions cosmétiques en cas de chimiothérapie

Il existe des solutions pour masquer la chute de cheveux consécutive à la chimiothérapie. Ainsi, les personnes touchées peuvent se tourner vers les bonnets et les foulards, certains étant proposés déjà noués, pour faciliter leur mise en place par des personnes souffrantes. Les perruques sont également une solution esthétique et psychologique.
Vous pouvez également consulter notre fiche Cancer du sein : comment prendre soin de soi ?

Les autres causes d’effluvium anagène

La chimiothérapie n’est pas la seule cause de perte de cheveux pendant la phase anagène. Parmi les autres substances impliquées, on trouve les métaux lourds lors d’une intoxication (or, arsenic, bismuth, cadmium, cuivre, thallium...) et l’acide borique (retrouvé dans certains antiseptiques).

Les autres médicaments à l'origine d'une chute de cheveux

De nombreux médicaments peuvent être responsables d’un effluvium télogène, c’est-à-dire une perte excessive de cheveux survenant lors de la phase télogène. Ces médicaments induisent la plupart du temps un arrêt prématuré de la phase anagène. Les autres causes courantes d’effluvium télogène sont les affections fébriles aiguës, la carence en fer (l’anémie), le manque de vitamine D et certains déséquilibres hormonaux.
La chute de cheveux commence 2 à 4 mois après le début du traitement. Elle est réversible mais peut mener à une alopécie androgénétique.

Parmi les médicaments susceptibles de provoquer une alopécie, on trouve les :
Classe médicamenteuse Molécules
Médicaments hypocholestérolémiants Atorvastatine, simvastatine.
Anti-inflammatoires non stéroïdiens Ibuprofène.
- Hypertenseurs, béta-bloquants.
- Anticoagulants.
- IEC (inhibiteurs de l'enzyme de conversion)
- Métoprolol, propanolol, aténolol, bisoprolol.
- Héparine, warfarine.
- Enalapril, lisinopril, captopril.
Thérapies hormonales Anastrozole, danazol, médroxyprogestone, lévothyroxine, létrozole, tibolone, tamoxifène.
- Régulateurs d’humeur.
- Antiépileptiques.
- Antidépresseurs.
- Lithium.
- Acide valproïque.
- Paroxétine, sertraline, amitriptyline, fluoxétine.
- Antibiotiques (en particulier ceux contre la tuberculose).
- Antifongiques.
- Immunosuppresseurs.
- Chloramphénicol, éthambutol, éthionamide, gentamicine, nitrofurantoine.
- Voriconazole.
- Interférons alpha, méthotrexate, léflunomide, cyclophosphamide, étanercept.
Rétinoïdes, des dérivés de la vitamine A utilisés dans le traitement des affections de la peau Acitrétine, isotretinoïne, tretinoïne.

Pour les personnes traitées pour leur problème thyroïdien, lorsque le dosage n’est pas adéquat, la chute de cheveux peut constituer un premier signe.

Comment réagir face à cette chute de cheveux médicamenteuse ?

Il ne faut pas hésiter à consulter si l’on perd beaucoup de cheveux. L’alopécie n’est pas un phénomène à prendre à la légère. Elle nuit à l’image de soi et peut conduire à un mauvais suivi du traitement si l’on soupçonne un médicament d’en être responsable.

Des chutes de cheveux souvent réversibles

Les alopécies ne sont que rarement permanentes et dans le cas des effluviums télogènes induits par les médicaments, elles sont généralement réversibles.

Demander de l’aide

La principale difficulté pour le médecin sera d’identifier si un médicament est responsable de la chute de cheveux. Le délai se comptant en mois entre la prise du médicament et le début de la perte de cheveux dans l’effluvium télogène, il peut être particulièrement ardu d’identifier avec certitude la ou les molécules responsables. Il faudra apporter au praticien la liste de tous les médicaments, y compris les contraceptifs, et des compléments alimentaires utilisés.

S’il en a la possibilité, pour confirmer son diagnostic, le médecin peut ordonner l’arrêt de la prise du médicament soupçonné. Dans certains cas, il pourra le remplacer par une autre molécule.
Consulter un psychothérapeute peut permettre de mieux gérer l’épreuve que constitue la perte, même temporaire, de ses cheveux.
Surtout, n’arrêtez pas votre traitement médicamenteux sans avis médical.

Pour enrayer la perte de cheveux, vous pouvez consulter notre fiche Réagir face à une chute de cheveux 


Plusieurs traitements médicamenteux peuvent être responsables de chutes de cheveux. Ce n’est pas un phénomène cantonné à la chimiothérapie. La grande majorité de ces alopécies sont réversibles ; les cheveux finiront par repousser. L’identification du médicament incriminé peut être difficile. La décision de changer ou d’arrêter un traitement ne doit être faite que par un médecin.