Hyperthyroïdie : un trop plein d'hormones
- Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 27/09/2023 à 09h09, publié le 05/07/2016 à 15h07
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L’hyperthyroïdie est un syndrome caractérisé par un taux anormalement élevé d’hormones thyroïdiennes et par une TSH particulièrement basse, déréglant ainsi le fonctionnement du corps et créant des symptômes gênants et douloureux. Pharma GDD vous explique les causes de l’hyperthyroïdie, les conséquences et les traitements que pourra vous conseiller votre médecin ou votre endocrinologue.
Qu’est-ce que l’hyperthyroïdie ?
Schéma thyroïde normale et hyperthyroïde à traduire
La glande thyroïde, semblable à un papillon, est située en bas du cou entre le larynx et la trachée. Elle joue un rôle important puisqu’elle régule les changements qui se produisent en permanence dans notre organisme. Pour cela, la thyroïde produit des hormones, appelées T3 (tri-iodothyronine) et T4 (tétra-iodothyronine). Celles-ci sont chapeautées par l’hormone TSH (thyréostimuline), sécrétée par l’hypophyse.
L’hyperthyroïdie désigne donc un dérèglement de la glande thyroïde. Dans le cas de l’hyperthyroïdie, la thyroïde produit un taux très élevé d’hormones T3 et T4, ce qui se traduit par une TSH basse par rétrocontrôle. Ce syndrome est bien plus fréquent chez les femmes et notamment les jeunes mamans, ainsi que chez les personnes de plus de 60 ans.
Quelles sont les causes de l’hyperthyroïdie ?
La maladie de Basedow
Dans plus de la majorité des cas, l’hyperthyroïdie provient de la maladie de Basedow également nommée maladie de Graves. Cette maladie auto-immune se manifeste par une thyrotoxicose, un goitre homogène et souple, une saillie anormale des yeux (semble sortir de la tête) appelé exophtalmie et un gonflement de la peau des jambes au niveau des tibias. La personne atteinte se plaint d’avoir les yeux secs et qui brûlent. Cette pathologie atteint 2% des femmes et 0.4% des hommes en Europe entre 20 et 40 ans. Le système immunitaire s’en prend à la thyroïde qui cherche ainsi à se défendre en produisant beaucoup d’hormones. Certains facteurs augmentent le risque d’attraper cette maladie, parmi lesquels le tabagisme, le diabete, le stress chronique, l’hérédité et la grossesse.
Hyperthyroïdie et grossesse
En effet, hyperthyroïdie et grossesse ont parfois un lien, car la gestation modifie la production des hormones, provoquant un dérèglement. Pendant et après la grossesse, l'hyperthyroïdie est une situation fréquente, en particulier sous la forme de la maladie de Basedow.
La thyrotoxicose gestationnelle transitoire représente 2% des grossesses. Ce phénomène est dû à l'effet stimulant de l'hormone chorionique gonadotrope sécrétée par le placenta sur le récepteur de la TSH. Cette situation se manifeste au premier trimestre de la grossesse par une nervosité excessive, une tachycardie, l'absence de prise de poids, des vomissements puis régresse lors de la seconde partie de la grossesse.
La thyroidite transitoire après un accouchement (ou post-accouchement) est une maladie auto-immune touchant 5 à 10 % des grossesses. Elle se caractérise par une altération de la fonction thyroïdienne dans l'année qui suit l'accouchement.
Les nodules thyroïdiens
Un nodule est une lésion tissulaire sous forme de boule parfois visible et/ou palpable. Ce nodule est dit « toxique » s’il sécrète des hormones T3 et T4. En effet, celui-ci va créer un trop-plein d’hormones et déboucher sur une hyperthyroïdie. Il peut parfois y avoir plusieurs nodules et un goitre de la glande thyroïdienne peut être observé. Ce type d’hyperthyroïdie est plus courant chez les personnes âgées.
Les thyroïdites
Les thyroïdites correspondent à une inflammation de la thyroïde. Elles peuvent être de plusieurs natures :
- La thyroïdite virale aussi appelée thyroïdite de Quervain. Il s’agit d’une inflammation de la thyroïde, une hyperthyroïdie réactionnelle à une infection virale, avec de la fièvre, semblable à une grippe, avec un goitre dur et douloureux. Cette forme est suivie d'une phase d'hypothyroïdie, puis guérit spontanément en deux ou trois mois.
- La thyroïdite auto-immune comme dans le cas de la thyroïdite de Hashimoto ou de la thyroïdite post-accouchement. La thyroïdite de Hashimoto est une maladie auto-immune révélant un goitre ferme et irrégulier et la présence d'anticorps anti-thyroperoxydase (anti-TPO) et/ou d'anticorps anti-thyroglobuline (anti-Tg). Il se peut qu'il y ait une phase d'hyperthyroïdie au début de la maladie qui évolue ensuite vers l'hypothyroïdie.
Les traitements iodés ou à base d’hormones thyroïdiennes
Certains médicaments composés d’iode peuvent avoir des effets secondaires tels que l’hyperthyroïdie. Il est par exemple démontré que le médicament amiodarone, prescrit pour lutter contre les problèmes cardiaques, peut avoir pour conséquence une hyperthyroïdie. De même, il faut se méfier de la composition des remèdes pour perdre du poids, qui peuvent renfermer des produits d’origine marine comme les algues qui contiennent de l’iode.
Quels sont les symptômes de l’hyperthyroïdie ?
L'hyperthyroïdie infraclinique dite fruste lorsque l'hyperthyroïdie est modérée et ne produit pas de symptômes notables. Chacun réagit différemment face à l’hyperthyroïdie. Les principaux symptômes de l’hyperthyroïdie sont regroupés sous le nom de thyrotoxicose et sont décrits ci-après, mais il est possible de n’en ressentir que quelques-uns.
L’hyperthyroïdie et la perte de poids
Globalement, une dérégulation de la thyroïde procure un état d’affaiblissement. L’un des symptômes fréquents est la perte de poids, malgré un appétit qui reste habituel. Parfois, ce syndrome entraîne des nausées et des selles molles. Il est fréquent de constater une réduction de la libido et de la force musculaire.
L’hyperthyroïdie et les troubles du sommeil et de l’humeur
Le taux bas de TSH génère des sauts d’humeur, une irritabilité, dépression une hausse du stress. L’excès d’hormones a tendance à rendre actif y compris la nuit, provoquant des troubles du sommeil, des vertiges et de la fatigue chronique sur le long terme.
L’hyperthyroïdie et les bouffées de chaleur
Les bouffées de chaleur sont caractéristiques de l’hyperthyroïdie. Elles se traduisent par une sensation de chaleur étouffante, une soif intense et une transpiration excessive. Ce symptôme peut être visible sur la peau qui devient moite.
L’hyperthyroïdie et le rythme cardiaque
L’hyperthyroïdie enclenche aussi des troubles cardio-pulmonaires. D’abord, des palpitations cardiaques surviennent soudainement même au repos. Elles s’accompagnent souvent d’un essoufflement démesuré ou de tremblements de certains membres. Il est également possible de ressentir une gêne ou une douleur dans la poitrine.
Comment se diagnostique l’hyperthyroïdie ?
Par palpation ou à l’œil nu, le médecin peut repérer un goitre ou un nodule autour de la pomme d’Adam. Généralement, il vérifie son premier diagnostic par un bilan sanguin. Réaliser une prise de sang permet de mesurer le taux de TSH présent dans le sang, de rechercher des auto-anticorps et de valider ou non le diagnostic.
Ensuite, le médecin va rechercher la cause du syndrome en réalisant divers examens :
- L’échographie : elle permet de visualiser la forme de la thyroïde et de détecter d’éventuels nodules. Parfois, il est possible de recourir à la cytoponction pour analyser les cellules de la thyroïde.
- La scintigraphie : l’injection d’un liquide « traceur » permet de connaître le taux d’iode présent dans la glande thyroïdienne. Un taux supérieur à la normale est signe d’hyperthyroïdie.
- La radiologie : il peut être intéressant de réaliser un scanner ou une IRM pour déceler ce type de maladie.
Quels sont les traitements de l’hyperthyroïdie ?
Il existe différents traitements plus ou moins lourds et longs selon la cause et le stade de l’hyperthyroïdie. Votre médecin choisira le traitement le plus adapté en fonction de la cause de votre hyperthyroïdie.
Traitement de l’hyperthyroïdie par voie médicamenteuse
Les anti-thyroïdiens limitent ou bloquent la production d’hormones. S’ils empêchent complètement la sécrétion d’hormones, il faudra compléter le traitement par la prise d’hormones de synthèse à un dosage bien précis que déterminera votre médecin. Il existe également des médicaments pour réduire la vitesse cardiaque afin de retrouver une fréquence de l’ordre de 50 à 90 battements par minute au repos. Ce procédé dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il peut même s’étendre sur un ou deux ans si sa cause est la maladie de Basedow.
Ce traitement nécessite un suivi rigoureux avec des contrôles sanguins réguliers et des points avec votre médecin pour adapter le dosage en fonction de ces résultats. Ces médicaments ne doivent pas être arrêtés spontanément, il est important de suivre la prescription pour limiter au maximum les effets secondaires. Les traitements médicamenteux de l’hyperthyroïdie peuvent en effet provoquer des allergies cutanées, une chute du taux de globules blancs ainsi qu’un risque plus accru d’hépatite.
Traitement par iode radioactif hyperthyroïdie
La solution par iode radioactif consiste à neutraliser les cellules productrices d’hormones dans la glande thyroïdienne. Par le biais d’une injection à l’hôpital, la production d’hormones est stoppée au bout de quelques jours. Cette injection fait l’objet d’un suivi à vie puisqu’il faut prendre en complément de nouvelles hormones de synthèse, en quantité moindre, essentielles au bon fonctionnement du corps.
La thyroïdectomie
En dernier recours, il est possible de procéder à un retrait d’une partie ou de la totalité de la thyroïde. L’ablation de la thyroïde est plutôt utilisée lorsque des nodules sont présents dans un côté ou dans toute la glande thyroïdienne. La thyroidectomie n’est pas anodine et suppose un traitement à vie par des cachets d’hormones de synthèse en substitution des hormones T3 et T4.
Quels sont les aliments à éviter en cas d'hyperthyroïdie ?
Les personnes atteintes d'hyperthyroïdie doivent éviter les aliments riches en iode qui favorisent la production d'hormones thyroïdiennes tels que les poissons de mer, fruits de mer, crustacés et algues. Le soja et ses dérivés semblent interférer avec les traitements de l'hyperthyroïdie, comme le lait de soja, la sauce soja ou encore le tofu. Les aliments ou boissons riches en caféine, un excitant qui exacerbe les symptômes de l'hyperthyroïdie, comme le café, le thé noir et le chocolat noir.
Mais que manger en cas d'hyperthyroïdie ?
À l'inverse, il faut privilégier les produits pauvres en iode comme le blanc d'œuf, les fruits frais, l'avoine et le miel. Les légumes crucifères comme le chou, le brocoli, le bambou et la roquette empêchent la thyroïde d'utiliser tout l'iode disponible dans l'organisme. Les aliments riches en fer comme la viande rouge, haricots secs, les noix, favorisent la réduction du phénomène d'hyperthyroïdie. Les aliments riches en sélénium contribuent à équilibrer les hormones thyroïdiennes, à savoir la noix du Brésil, les graines de chia, les champignons, l'avoine et la volaille.
Enfin, les aliments contenant de la vitamine D et du calcium (saumon, amande, pruneau, haricots blancs et produits laitiers) protègent les os souvent affaiblis par la maladie.
Quelles sont les conséquences de l'hyperthyroïdie ?
Une hyperthyroïdie non traitée entraine des complications cardiaques (fibrillation auriculaire, insuffisance cardiaque et troubles du rythme cardiaque, psychiatriques (confusion, agitation, délire), une fatigue intense et un amaigrissement important. Un excès de T3/T4 diminue l'absorption du calcium par les os, augmentant le risque de développer de l'ostéoporose.
À retenir
L’hyperthyroïdie désigne l’excès d’hormones thyroïdiennes qui dérègle le système corporel habituel. Quelle qu’en soit la cause, ce syndrome nécessite des examens approfondis et un suivi régulier, les traitements étant sur le long terme, voire à vie. Il faudra du temps pour obtenir un traitement équilibré en fonction des besoins du patient et une hygiène de vie adaptée via l’alimentation.