Éviter les crampes

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 28/10/2024 à 11h10, publié le 15/02/2017 à 13h02
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Éviter les crampes
Les crampes sont des contractions involontaires et douloureuses des muscles. Elles peuvent constituer un symptôme d’une pathologie ou être sans explication. Dans ce dernier cas, les crampes sont dites idiopathiques. Quatre catégories de personnes souffrent fréquemment de ces crampes : les personnes âgées, les sportifs, les femmes enceintes et les femmes lors de la période des règles. Si certaines crampes musculaires se manifestent pendant la journée, d’autres, en particulier celles touchant les membres inférieurs, apparaissent surtout la nuit, altérant le sommeil. Le phénomène des crampes reste mal élucidé, et fait l’objet de nombreuses hypothèses. Pour autant, des techniques et solutions permettent de soulager et de prévenir les crampes. Pharma GDD les détaille et fait le point sur ces contractions désagréables.

Qu'est-ce qu'une crampe ?

Les crampes sont des contractions soudaines, douloureuses et involontaires d’un muscle, d’une partie d’un muscle ou d’un groupe musculaire. Elles sont temporaires, avec une durée de quelques minutes. Elles sont également appelées spasmes musculaires. Les crampes surviennent fréquemment la nuit, perturbant le sommeil. Les muscles touchés sont surtout ceux des membres inférieurs, et en particulier ceux des mollets. A la palpation, les muscles touchés sont extrêmement durs. Ce sont des épisodes bénins, mais difficiles à supporter.

Les différents types de crampes

On en distingue 3 : les crampes idiopathiques, aussi appelées crampes essentielles, les crampes paraphysiologiques et les crampes symptomatiques.
  • Les crampes idiopathiques ou essentielles sont sans causes clairement identifiées. On classe dans cette catégorie les crampes nocturnes. Leur fréquence s’accroît avec l’âge. Ainsi, un tiers des personnes âgées de plus de 60 ans subit des crampes au niveau des jambes et la moitié des personnes âgées de plus de 80 ans connaît des crampes nocturnes. Ces contractions involontaires sont de durée limitée, généralement moins de 10 minutes. Elles touchent le plus souvent le mollet, parfois le pied. Elles sont unilatérales : elles ne frappent pas les deux jambes simultanément. Il ne faut pas confondre les crampes nocturnes avec le Syndrome des jambes sans repos. Ce dernier est à l’origine « d’impatiences » : un besoin de bouger les jambes associé à des picotements. Il survient souvent lors du repos, la nuit. Il existe également une affection rare, la « maladie des crampes », qui concerne surtout les hommes surmenés. Elle occasionne des accès de crampes aux jambes et sur la paroi abdominale. Cette maladie peut durer pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.
  • Les crampes paraphysiologiques sont celles qui touchent les femmes enceintes ou qui surviennent lors d’efforts physiques. Ces dernières concernent particulièrement les sportifs, les militaires et les travailleurs manuels.
  • Les crampes symptomatiques, ou crampes secondaires, sont une conséquence d’une maladie ou d’une carence. Les principales pathologies à l’origine de ces crampes sont le diabète, la cirrhose, l’hypo- ou l’hyperthyroïdie, l’anémie, les maladies musculaires et les neuropathies. Les carences en chlore, magnésium, sodium ou calcium peuvent également en provoquer. Ainsi, le manque de magnésium mène à un état de faiblesse et des tremblements en plus des crampes. Lors de la carence en chlore, on observe des crampes musculaires, une anorexie et une apathie. La carence en calcium se manifeste par des crampes et par un rachitisme, des altérations de la croissance et des convulsions. Enfin, la carence en sodium associe crampes, apathie, hypotension et confusion. 
Plusieurs traitements et certains médicaments peuvent générer des crampes :
  • les statines, des médicaments contre le cholestérol. Même la levure de riz rouge, parfois qualifiée de statine naturelle, est susceptible d’en générer.
  • les médicaments provoquant des pertes en électrolytes : les diurétiques, les ARA, la dialyse…
  • les médicaments contre l’asthme : beta-agonistes de longue durée, bronchodilatateurs.
  • le cisplatine, l’imatinib et la vincristine, (anticancéreux), le donépézil (maladie d’Alzheimer), la néostigmine (myasthénie), le tolcapone (Parkinson), les contraceptifs pris par voie orale, le pyrazinamide (antituberculeux), le raloxifène (traitement hormonal de substitution) et le teriparatide (ostéoporose).
Le sevrage de substances telles que l’alcool, les hypnotiques, les benzodiazépines et les barbituriques peut susciter des crampes musculaires. Plusieurs substances stimulantes peuvent également induire des crampes : le café, la nicotine, les amphétamines, la cocaïne, l’éphédrine et la pseudoéphédrine.

Les principales hypothèses expliquant ces contractions

Les mécanismes expliquant les crampes sont encore assez mal connus. Beaucoup d’hypothèses ont été proposées pour tenter de comprendre ce phénomène. Dans le cas des crampes nocturnes, idiopathiques, plusieurs explications ont été avancées : une trop grande excitabilité des neurones contrôlant les muscles, une stimulation nerveuse induite par la position couchée, une influence génétique… Les crampes nocturnes seraient également causées par des tendons raccourcis. Les causes de ce raccourcissement seraient l’âge et le manque d’étirements avant et après l’effort..

Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer les crampes des sportifs. Parmi elles, on note la fatigue musculaire et la théorie hydro-électrolytique : une carence en certains minéraux (chlore, magnésium, sodium et calcium) et la déshydratation seraient à l’origine des crampes musculaires à l’effort. La chaleur humide favoriserait le phénomène, ce qui a conduit à parler de « crampes de chaleur ». Enfin, ces crampes musculaires seraient également provoquées par une activation anormale du neurone moteur commandant la contraction du muscle touché.

Les femmes enceintes expérimentent des crampes dans les jambes. Elles sont dues à la pression que l’utérus exerce sur les nerfs abdominaux ainsi que sur les vaisseaux sanguins. Autre facteur influençant l’apparition de crampes : le manque de calcium ou de phosphore, utilisés par le fœtus.

Lors des règles, les prostaglandines, des médiateurs du corps, sont fabriqués dans l’utérus et y déclenchent des contractions musculaires permettant l’évacuation de l’endomètre après une ovulation sans fécondation. Les crampes pendant les règles ne sont pas synonymes de pathologies ou de problèmes.

La crampe est-elle dangereuse ?

La crampe est un phénomène désagréable : le muscle devient dur et douloureux. Mais lorsqu’elle est idiopathique, elle est généralement sans conséquences. En revanche, lorsqu’elle provoque des troubles du sommeil, elle devient une nuisance qu’il faut prendre en compte. Parfois, la crampe est le symptôme d’une maladie grave.

Le cas de la crampe nocturne

Les crampes nocturnes peuvent, lorsqu’elles sont courantes, nuire considérablement à la qualité de vie. Elles réveillent, et obligent au lever, altérant le sommeil. Celui ou celle qui en souffre développe une appréhension à la simple idée de se coucher. Ainsi, même si les crampes elles-mêmes sont bénignes, elles sont à l’origine d’un sommeil et d’un endormissement perturbés, et elles génèrent anxiété et stress. Ces crampes nocturnes doivent faire l’objet de mesures visant à les prévenir.

Quand consulter un médecin ?

Il est inutile de voir un médecin pour une crampe isolée. En revanche, il ne faut pas hésiter si elles :
  • sont particulièrement difficiles à vivre,
  • surviennent fréquemment,
  • ne diminuent pas malgré le repos ou les soins entrepris,
  • sont provoquées par un traitement, par une intoxication aux métaux ou suite à l’exposition à une toxine,
  • sont associées à d’autres symptômes, comme une faiblesse musculaire, des jambes enflées et rouges, de la fièvre, un changement de la couleur de la peau et une douleur qui ne diminue pas avec le temps.
La crampe peut parfois être confondue avec des pathologies plus graves. Ainsi, on appelle à tort crampe des épisodes de tétanie, crises à l’origine de spasmes musculaires de longue durée, ou des dystonies, des spasmes récidivants touchant généralement d’autres muscles que ceux du bas du corps, contrairement aux crampes. L’ischémie musculaire est à l’origine de douleurs au mollet, mais sans la contraction que l’on retrouve dans les crampes. Quant à la myotonie, une anomalie du tonus musculaire, elle entraîne un maintien anormal de la contraction musculaire, mais ce n’est pas une crampe.

Pour affiner son diagnostic, et en fonction des signes qu’il aura pu observer et de l’interrogatoire du patient, le médecin peut demander un ou plusieurs examens complémentaires : électromyographie, examens sanguins, doppler veineux ou artériel, biopsie du muscle, test d’effort, voire IRM de la moelle épinière ou du cerveau.

Que faire en cas de crampes ?

Les gestes pour soulager une crampe sont simples à mettre en œuvre et généralement efficaces. Mais pour les personnes souffrant de crampes nocturnes, ou pour les sportifs, la prévention de la crampe prime sur son soulagement. Il existe des traitements et des techniques permettant d’éviter leur survenue.

Soulager une crampe

La crampe occasionnant un raccourcissement du muscle en le contractant, il faut étirer le muscle pour faire cesser la contraction. Ainsi, une crampe contractant le mollet entraîne une extension du pied (la pointe du pied part vers le bas). Pour contrer cette contraction, il suffit alors de tirer doucement vers soi l’extrémité du pied afin de le mettre en flexion (la pointe du pied tend vers le haut). Ce geste entraînera l’étirement du mollet. Il faut également masser le muscle contracté pour aider à soulager la crampe. La douleur peut subsister même lorsque la contraction a cessé. Pour la stopper, on peut se tourner vers les médicaments antalgiques comme le paracétamol, ou prendre un anti-inflammatoire non stéroïdien.

Des solutions non médicamenteuses sont également disponibles pour soulager la douleur de la crampe. Ainsi, la thermothérapie repose sur l’application sur la peau de froid ou de chaud pour brouiller le signal de la douleur. Dans le cas des crampes, c’est la chaleur qu’il faut utiliser. En effet, elle augmente l’élasticité des muscles. On peut se tourner vers les produits sécurisants et faciles à utiliser comme les coussins thermiques Il s’agit de poches contenant une matière souple, conservant la chaleur et épousant la forme du muscle. Attention, l’application de chaleur dans le cadre de la thermothérapie ne doit pas être utilisée en cas de diabète, de troubles de la circulation, de cardiopathie ou de grossesse. Demandez conseil à votre pharmacien.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter notre fiche Soulager la douleur par la thermothérapie.

L’arnica est une plante traditionnellement utilisée en cas de douleurs musculaires. Cette solution phytothérapeutique a des effets antalgiques intéressants en cas de crampes. Autre solution traditionnelle à base d’ingrédients naturels : le baume du tigre. Ce mélange d’huiles essentielles est réputé pour soulager les petits maux, dont les douleurs. Attention, le baume du tigre ne convient pas pour les enfants âgés de moins de 7 ans et les femmes enceintes ou allaitantes. Il ne doit pas non plus être appliqué sur une peau irritée.

Éviter les crampes

Pour les personnes ayant déjà expérimenté des crampes et craignant leur survenue, notamment la nuit, il existe des solutions permettant de les prévenir. En cas de crampes nocturnes, la plus simple des méthodes préventives est le stretching, ou étirement. En effet, le stretching se pratique pendant la crampe, pour la soulager, mais il serait également efficace en prévention. Inutile de se lancer dans des mouvements compliqués, il suffit de se tenir face à un mur à une distance d’un mètre, et de s’incliner vers l’avant, en contrôlant le geste avec ses bras, tout en gardant les talons ancrés au sol. Ainsi, ce geste, réalisé à plusieurs reprises pendant une durée minimale de 10 secondes, permet l’étirement des muscles du mollet. Des accessoires comme des manchons compressifs de jambe permettent de stimuler la remontée veineuse durant l'effort et de prévenir la fatigue musculaire.

La quinine, un alcaloïde également utilisé dans le traitement du paludisme, a longtemps été le traitement classique des crampes. C’est un médicament efficace pour réduire la fréquence des crampes nocturnes, mais il a de nombreux effets secondaires potentiellement graves : troubles cardiaques et vasculaires, digestifs, auditifs et visuels, risque de choc anaphylactique… C’est pourquoi il nécessite une prescription médicale.

L’autre grand traitement des crampes traditionnellement recommandé est la supplémentation en magnésium. En effet, ce métal, naturellement présent dans notre corps, intervient dans le fonctionnement des cellules des muscles. Son taux varie au cours de la journée, et baisse pendant la nuit. Lorsque qu’il est élevé, il a un effet relaxant sur les muscles. A l’inverse, un taux faible de magnésium conduit à une excitabilité des muscles. La supplémentation en magnésium aiderait donc à prévenir les crampes.

Une supplémentation en vitamines B1, B6, B12 ou en vitamine E pourrait, selon plusieurs études, avoir un effet bénéfique sur les crampes, réduisant leur fréquence.
L’homéopathie propose plusieurs solutions pour éviter l’apparition de crampes. Elles reposent sur l’utilisation de Cuprum metallicum, les granules Recostim. Si les crampes concernent une personne sportive, il faudra ajouter la souche Sarcolacticum acidum, et si la personne touchée est âgée de plus de 50 ans, les souches à associer sont Nux vomica et Plumbum.

L’aromathérapie offre plusieurs solutions en prévention comme en soulagement des crampes musculaires. Ainsi, l’huile essentielle de gaulthérie couchée est renommée pour ses effets bénéfiques contre la douleur et certaines huiles essentielles sont réputées pour leurs effets décontractants ; il s’agit des huiles essentielles de lavandin super, de basilic tropical, d’estragon, et de romarin à camphre. Ces huiles s’utilisent diluées dans une préparation (huile végétale) et appliquées sur la zone subissant des crampes. Attention, ces huiles ne conviennent pas pour les femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que pour les enfants. L’huile essentielle de romarin à camphre est également déconseillée pour les épileptiques. Demandez conseil à votre pharmacien.
  En oligothérapie, les oligo-éléments conseillés en cas de crampes sont l’association manganèse-cobalt, le cuivre et le magnésium. Les crampes sont des phénomènes généralement bénins. Elles peuvent survenir lors d’efforts physiques, et sont souvent associées au monde du sport. Mais elles apparaissent parfois la nuit, et peuvent générer des troubles du sommeil délétères. Heureusement, il existe des solutions tant pour les soulager que les prévenir, comme les étirements ou la prise de suppléments.