Épilepsie : origines et traitements

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 24/10/2024 à 17h10, publié le 08/08/2019 à 14h08
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Épilepsie : origines et traitements
L’épilepsie est une maladie chronique caractérisée par la survenue de crises épileptiques. Ces crises traduisent un dérèglement soudain et transitoire de l’activité électrique du cerveau. Elles apparaissent sans cause identifiée, peuvent être consécutives à une affection.
Les alternatives médicamenteuses ou chirurgicales sont possibles. Enfin, des précautions et des solutions pratiques sont à adopter pour vivre correctement au quotidien.

Qu’est-ce que l’épilepsie ?

L’origine

L’épilepsie est une affection neurologique chronique qui se manifeste par la survenue de crises épileptiques spontanées qui sont souvent très impressionnantes. Elle touche près de 600 000 personnes en France et se caractérise par des absences ou des convulsions.
Extrêmement imprévisible, cette maladie peut devenir un véritable handicap social et professionnel.

Sur le plan neurologique, ces crises font suite à une décharge anormale dans le cerveau qui est composé de millions de cellules, principalement des neurones. Ces derniers sont reliés les uns aux autres pour former différents réseaux.
Ils communiquent entre eux grâce à des signaux électriques. Certains réseaux de neurones ont pour rôle de déclencher une fonction, d’autres au contraire de l’inhiber. Normalement, ces réseaux fonctionnent en parfait équilibre.
En cas d’épilepsie, cet équilibre est par moment rompu. Au lieu de fonctionner en alternance, ils s’hyperactivent tous en même temps.
C’est alors que des décharges électriques simultanées se produisent tel un court-circuit qui engendre une panne temporaire du cerveau.

Ces décharges peuvent apparaître à différentes zones du cortex cérébral, ce qui explique qu’il y ait plusieurs types de crises d’épilepsie.

Les différents types de crises

Certaines crises se caractérisent par des troubles différents, avec ou non-rupture de la conscience, en fonction des zones du cerveau touchées. Apparaissent un trouble de la motricité, un trouble du comportement, se caractérisant par des gestes répétitifs involontaires, un trouble de la sensibilité tel que des fourmillements, des hallucinations auditives, des troubles du langage et des émotions inexpliquées qui durent quelques minutes. On parle alors de crise focale ou partielle, c’est-à-dire qu’une zone localisée du cerveau est touchée.
Selon la région cérébrale impliquée, ces crises provoquent différentes manifestations cliniques.
Par exemple, une décharge peut se produire dans la partie qui gère la motricité de la main provoquant un raidissement ou des secousses rythmiques du pouce, des doigts et même d’une partie du bras. Des fourmillements dans un membre, des hallucinations auditives ou visuelles varient en fonction de la région corticale sensitive touchée par la décharge. Les symptômes de ces crises focales sont innombrables et aussi variés que des troubles du langage, des manifestations de déjà vu, des signes émotionnels et des signes végétatifs comme la salivation, l’apnée ou la tachycardie.

Lorsque la décharge touche plusieurs parties à la fois, elle provoque une crise dite généralisée pouvant provoquer une perte de connaissance chez le sujet et des absences de plusieurs minutes puis reprendre une activité normale. Pour certaines personnes, les séquelles peuvent être plus lourdes. Les crises généralisées regroupent la crise la plus connue du public. Spectaculaire elle provoque une chute, des manifestions motrices bilatérales symétriques avec raideur des membres puis des secousses, une perte de connaissance, des manifestions respiratoires et urinaires et une morsure de la langue. Après la crise, la personne ne se souvient de rien.
D’autres crises peuvent se manifester par des secousses musculaires sans perte de connaissance cette fois-ci, ou par des absences de quelques secondes où la personne garde son tonus musculaire.

On parle ainsi d’épilepsie lorsqu’une de ces types crises se répète de façon spontanée dans le temps avec ou sans lésions.
Elle peut provoquer des troubles cognitifs de l’attention et de la mémoire, de l’humeur comme la dépression ou encore du comportement et avoir des conséquences liées aux chutes ou aux blessures durant la crise.

L’absence reste néanmoins une des manifestations et présente une composante génétique qui est favorisée par les lumières intermittentes ou l’hyperventilation. L’épilepsie-absence se manifeste par des absences de quelques dizaines de secondes, dont le sujet n’a pas mémoire et s’accompagne de modifications motrices très discrètes comme des automatismes et la diminution du tonus musculaire.
Ces crises peuvent se répéter de nombreuses fois au cours d’une même journée.

Les personnes à risque

L’épilepsie touche particulièrement les enfants, les adolescents et les personnes âgées. On estime que les personnes ayant fait leurs premières crises au plus jeune âge entreront plus rapidement en période de rémission.
Différentes formes d’épilepsie sont rencontrées.
Le syndrome de West chez les nouveau-nés où les premiers mois, se caractérise par l’association de spasmes et de troubles du développement psychomoteur.
Le syndrome de Dravet provoque des crises sévères avec des contractions. Les premières crises surviennent au moment d’épisode de fièvre. Ces crises sont longues, ne touchent souvent qu’un seul côté (crise unilatérale) et peuvent passer d’un côté à l’autre (crises alternantes). D’autres crises sans fièvre ainsi que d’autres types de crises viennent confirmer un diagnostic.
Au cours des premières années de l’enfance, il est possible de souffrir d’un syndrome de Lennox-Gastaut associant des absences et des crises avec un raidissement soudain des muscles. La forme la plus fréquente chez l’enfant est l’épilepsie-absence qui apparaît souvent entre 5 et 7 ans et disparaît le plus souvent à l’adolescence ou chez l’adulte jeune, concernant particulièrement les filles.
L’hyperthermie favorise les crises, c’est pourquoi, il est important de faire baisser la fièvre afin d’éviter des convulsions.

Le trait « photosensibilité » s’observe dans plusieurs syndromes dans lesquels les stimulations visuelles de la vie quotidienne induisent une réponse photoparoxystique. Les stimuli lumineux et intermittents peuvent déclencher des crises chez les personnes sujettes à l’épilepsie qu’on appelle « réflexe ». On qualifie une personne de photosensible lorsque les scintillements ou les clignotants des lumières à une certaine intensité et suivant le rythme et la fréquence provoquent des crises d’épilepsie. On retrouve ce type d’épilepsie surtout chez les enfants de 12 ou 13 ans et en majorité chez les filles. Phénomène assez rare qui représente moins de 5% des cas semble disparaître avec l’âge.
La fréquence de 15 à 20 clignotements par secondes est susceptible de provoquer une crise.

L’épilepsie peut survenir chez les personnes ayant un contexte familial connu ou des anomalies constatées à l’électro encéphalogramme.
La composante génétique représente deux tiers des épileptiques et est due à une anomalie d’un gène unique.
Elles peuvent également être consécutives à des lésions cérébrales comme et des traumatismes au cerveau, des antécédents d’accident vasculaire cérébral, une tumeur ou encore celles souffrant d’infections cérébrales telles que la méningite ou l’encéphalite.
Un hématome cérébral peut apparaître suite à la prise d’anticoagulants. Une malformation cérébrale, liée à une sclérose tubéreuse de Bourneville (maladie héréditaire touchant la peau et le système nerveux). Enfin, une maladie systémique comme un lupus érythémateux disséminé ou encore une anomalie du développement de certaines zones du cortex peuvent causer ce genre de crises.

Une crise d’épilepsie peut être liée à des situations particulières et survenir de façon ponctuelle et isolée sans qu’il s’agisse d’une maladie épileptique. En effet, des problèmes métaboliques, une hypoglycémie chez les personnes diabétiques ou une hypocalcémie.
La prise de médicaments épileptogènes comme certains neuroleptiques ou antidépresseurs. Une intoxication au plomb, au monoxyde de carbone, la prise de cocaïne et d’amphétamines, l’alcoolisme chronique ou encore lors d’un sevrage alcoolique favorise des crises épileptiques.

Les traitements

L’objectif des traitements est d’éviter les crises d’épilepsie qui abîment les fonctions cérébrales et sont susceptibles d’engendrer des lésions et des séquelles. De nombreux médicaments antiépileptiques existent et permettent au médecin d’avoir le choix du traitement qu’il choisit en fonction du type d’épilepsie que présente le patient. Un traitement bien suivi permet à la personne de mener une vie normale.
Certains médicaments seront plus adaptés aux crises partielles et d’autres pour les crises généralisées.

Les traitements médicamenteux

Le traitement de fond a pour but de contrôler les crises d’épilepsie. Le traitement est établi en fonction du type de crises.
L’établissement d’un traitement antiépileptique suit les règles suivantes :
  • On commence le traitement par monothérapie, à posologie progressive pour permettre une meilleure tolérance. Il faut le plus possible limiter le nombre de prises par jour.
  • Si un premier échec de cette monothérapie est observé, on augmente progressivement la dose jusqu’à atteindre la dose maximale et si cela ne fonctionne pas, il faut passer à un autre médicament et si besoin, passer à la bithérapie. 
Attention aux femmes en âge de procréer, car les traitements antiépileptiques sont potentiellement tératogènes, c’est-à-dire qu’ils engendrent des malformations du fœtus. L’arrêt d’un traitement peut être envisagé au bout de 2 ans sans crises.
Cet arrêt doit être progressif et étalé sur plusieurs mois avec surveillance à l’électro-encéphalogramme en cours d’année.
Il est important d’avertir son médecin de tout traitement en cours ou de toute prise éventuelle de médicaments (contraceptif hormonal, compléments alimentaires, anticoagulants ou antidépresseurs en raison d’un risque possible d’interactions médicamenteuses.
L’utilisation des huiles essentielles est à éviter, car la plupart d’entre elles sont contre-indiquées en cas d’épilepsie et sont susceptibles de provoquer des crises.

Les traitements non médicamenteux

Le régime cétogène

Ce régime est mis en place chez les jeunes enfants. Il provient d’une étude où des médecins avaient observé que lorsque les enfants jeûnaient, les crises étaient moins fréquentes. L’explication est venue du fait de l’augmentation des cétones dans le sang lors du jeûne, c’est-à-dire le déficit en sucre. Pour mimer l’effet de jeûne, on a mis en place un régime pauvre en glucides.
Pour pallier les besoins caloriques de l’enfant, l’alimentation tourne autour de l’utilisation des lipides et des protéines.
L’effet est similaire au jeûne, car en l’absence de glucides, la concentration en cétones augmente.
Le régime cétogène est mis en place chez des enfants qui ne répondent pas positivement au traitement antiépileptique.
Il reste cependant difficile à intégrer au début chez l’enfant et on ne sait pas encore définir la durée de ce régime. 
Le laboratoire Nutricia propose une denrée nutritionnelle à forte teneur en lipides et à basse teneur en glucides : KetoCal 4:1.

Les alternatives douces

Certaines approches douces peuvent être complémentaires comme l’acupuncture qui est bénéfique pour certains patients tout comme la pratique de la relaxation et du yoga pour réduire le stress, l’anxiété et améliorer le sommeil.

Les solutions chirurgicales

Lorsque les antiépileptiques ne suffisent plus, un traitement chirurgical peut être envisagé.
Plusieurs techniques existent et ont pour objectif de détruire les zones cérébrales responsables des crises d’épilepsie.
Certaines techniques ne sont pas invasives et ne nécessitent pas d’incision.

La radiochirurgie

Le gamma Knife est un appareil de radiochirurgie qui permet de cibler précisément la région à détruire, sans abîmer les parties voisines du cerveau. Un cadre-repère est fixé sur la tête du patient pour assurer la précision de la technique qui est en général réservée aux lésions de 3 cm maximum. La puissance très élevée des radiations agit alors sur le foyer d’épilepsie.
Les effets ne sont pas immédiats, mais progressifs, il faut attendre un an pour voir s’atténuer ou disparaître l’épilepsie.
La technique présente différents avantages, car elle ne nécessite pas d’ouverture du crâne ni d’anesthésie générale.
En effet, elle présente moins de complications que la chirurgie et l’hospitalisation est courte, moins de 48 heures habituellement.

La neurochirurgie

La première phase de l’opération consiste à accéder au cerveau. Le neurochirurgien écarte le cuir chevelu, le muscle temporal puis dégage le crâne. Il découpe ensuite l’os avant d’inciser la dure-mère, une membrane fibreuse, dure et rigide, qui entoure le cerveau.
Au cœur du cerveau, la minutie des gestes nécessite de pratiquer la suite de l’opération sous microscope.
L’efficacité de l’opération permet aux patients d’arrêter les traitements médicamenteux.
Il faut cependant patienter plus d’un an avant d’être opéré. La chirurgie ne concerne pas tous les patients loin de là.
Elle est réservée à ceux dont l’épilepsie n’est pas équilibrée par les médicaments, qui présentent un foyer bien localisé dans le cerveau et qui peut être enlevé sans créer de déficit comme un trouble du langage ou une paralysie. Ce qui représente environ la moitié des patients non soulagés par les médicaments. La chirurgie est particulièrement efficace concernant les épilepsies localisées dans le foyer responsable des crises situé dans le lobe temporal où les résultats y sont jugés excellents dans 80 à 90% des cas.

Conseils et recommandations

Que faire en cas de crises d’épilepsie ?

Il est important de savoir repérer les signes qui doivent amener à aller consulter son spécialiste : première crise, changements de types de crises, augmentation des crises…
Il faut savoir qu’une crise d’épilepsie ne peut pas être interrompue et commence assez rapidement ce qui empêche une tierce personne d’avoir le temps d’agir.
 
  • Ne pas tenter d’immobiliser la personne.
  • Éloigner la personne de tous objets susceptibles de la blesser, si besoin essayer de déplacer la personne.
  • Ne pas tenter de mettre les doigts dans la bouche d’une personne en pleine crise dans le but de lui éviter de s’étouffer ou de se mordre la langue.
  • Ce geste pourrait vous blesser.
  • Il est possible d’enlever toute compression faite autour du cou comme une cravate.
  • À la fin de la crise, mettre la personne en position latérale de sécurité avec un coussin sous sa tête et la laisser se reposer.
  • Il est impératif de prévenir les urgences en cas de crises prolongées, d’altération de la conscience après la fin de la crise ou encore si une seconde crise d’épilepsie se déclenche après la première. 

La sécurité autour de l’épilepsie

Les personnes atteintes d’épilepsie peuvent être sujettes aux blessures, suivant le type de crises. Les crises spontanées avec absence de conscience pourront plus facilement se blesser comme être en hauteur, près de l’eau ou d’une source de danger.
Il faut prendre conscience des risques auxquels une personne épileptique peut être confrontée et adapter certains éléments pour les prévenir.
  • Savoir que l’entourage proche ainsi que les collègues de travail sont au courant que la personne est sujette aux crises d’épilepsie.
  • Savoir réagir lors d’une crise et apprendre les premiers gestes de secours.
  • Le port d’un bracelet ou d’un système d’alerte peut être utile. 
À la maison :
  • Protégez les angles de tables, penser à fermer les tiroirs après usage.
  • Attention aux lampes sur pied et à la décoration en verre.
  • Si vous avez une cheminée, pensez à installer un pare-feu devant.
  • Allumer des bougies ou autres objets peut présenter un danger en cas de crises si vous êtes seul.
  • Les appareils électriques à arrêt automatique sont à privilégier.
  • Si l’enfant dort en lit superposé, le faire dormir dans le lit du bas en cas de crise. 
Dans la salle de bain :
  • Risque de noyade en baignoire : préférer les douches.
  • Tapis de douche antidérapant à la sortie.
  • Évitez les portes de douche en verre.
  • Pensez à ne pas verrouiller la porte de la salle de bain. 
Activités extérieures :
  • La pratique d’une activité physique permet de diminuer le stress ce qui est bénéfique pour la personne :
  • En cas de natation, il faut s’assurer de ne jamais se retrouver seul.
  • La pratique de sports épuisants, athlétisme, judo, sports collectifs, cardio-training est à surveiller, et des pauses fréquentes s’imposeront.
  • Vélo, pensez à porter un casque.
  • Attention également à la conduite de tous les véhicules.

Des chiens sont maintenant entraînés pour accompagner les personnes épileptiques apportant aux personnes un sentiment de confort et de sécurité leur permettant de vivre de façon normale. Le chien peut sentir la crise d’épilepsie et ainsi protéger la personne en obtenant de l’aide, en amenant la personne dans un endroit sécurisé. Pour en savoir plus, consultez notre article sur les chiens d'assistance et leur rôle auprès des malades.

La médecine et la science ont fait énormément de progrès pour comprendre et analyser les crises d’épilepsie.
Cependant, certaines crises provoquent des séquelles lourdes. Il est maintenant plus facile de contrôler les crises grâce à des traitements ou des interventions radio chirurgicales ou chirurgicales. Leurs survenues imprévisibles nécessitent de mettre en place des moyens particuliers et d’aménager le logement de façon à éviter toute blessure ou tout accident. Enfin des solutions d’assistance à la personne sont développées pour aider les épileptiques à vivre normalement et à travailler.