Tabac : attention, danger !

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 07/11/2024 à 09h11, publié le 03/06/2015 à 09h06
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Tabac : attention, danger !
Le tabac est responsable de près de 7 millions de décès chaque année dans le monde. En France, on dénombre environ 78 000 décès par an (soit plus de 200 par jour), dont 45 000 par cancer. Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable. Il réduit considérablement la qualité et l’espérance de vie ainsi que le bien-être général des fumeurs, mais aussi de leur entourage. Il n’existe pas de seuil en dessous duquel fumer soit sans risque pour la santé, c’est pourquoi la lutte contre le tabagisme est devenue un enjeu pour les autorités sanitaires. Fumer accroît les risques de cancer, de maladies cardiovasculaires, respiratoires et digestives, sans compter l’impact sur la fertilité. Pharma GDD fait le point sur les nombreuses pathologies liées au tabac, les dangers du tabagisme passif et les conséquences sur la peau, les cheveux et les dents.

Les maladies favorisées par le tabac

Le tabagisme actif désigne l’usage du tabac, qu’il soit fumé (cigarette, cigare, pipe, narguilé), prisé, consommé seul ou en association avec d’autres substances. Le danger vient des nombreuses substances chimiques présentes naturellement dans le tabac ou ajoutées par les fabricants : goudrons, mercure, arsenic, acétone, acide cyanhydrique… Ces substances sont transformées par la combustion, transportées jusque dans les poumons par la fumée puis pénètrent dans le sang. La nicotine n’est pas toxique en tant que telle, mais c’est elle qui est à l’origine de la dépendance au tabac. Même si un fumeur n’avale pas la fumée, il met sa santé en danger. Le risque de développer une maladie est lié à la fois au nombre de cigarettes consommées chaque jour et à la durée pendant laquelle on a fumé.

Les cancers et le tabac

Composé de 70 substances reconnues comme cancérigènes, le tabac est une cause directe et un facteur favorisant la survenue d’un cancer chez le fumeur. Il est impliqué dans :
  • plus de 80 % des cancers du poumon ;
  • 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures : gorge, bouche, lèvres, larynx, œsophage ;
  • 50 % des cancers de la vessie ;
  • 30 % des cancers du pancréas ;
  • 1 cas de leucémie myéloïde aiguë sur 5.

La consommation de tabac peut aussi favoriser le développement d’un cancer dans d’autres organes : foie, rein, estomac, col de l’utérus, sein, ovaire, côlon, rectum. Au total, 17 localisations cancéreuses différentes sont associées au tabagisme.

Les maladies cardiovasculaires et la cigarette

Le fait de fumer est particulièrement dangereux pour le cœur et les artères, y compris pour les individus considérés comme des « petits fumeurs ». Le risque est en effet présent dès la première cigarette. Le fait de fumer engendre des spasmes au niveau des artères : les parois musculaires se contractent et provoquent un rétrécissement brutal. Ce phénomène favorise les troubles du rythme cardiaque et la formation de caillots. Le tabac est à l’origine de plusieurs pathologies dont les séquelles peuvent être importantes : hypertension artérielle, artérite des jambes, accident vasculaire cérébral (AVC), infarctus du myocarde.
Les capacités cardiaques des fumeurs lors d’un effort sont réduites. Leur organisme est moins bien oxygéné et leurs muscles sont donc moins performants. Chez les femmes, l’association du tabac et d’une contraception œstroprogestative augmente les risques de phlébite et d’accident vasculaire, dont l’AVC.

Les maladies respiratoires

La fumée de cigarette cause des dommages lorsqu’elle passe dans les voies respiratoires. Le tabagisme actif expose à un risque plus élevé d’infections pulmonaires comme la bronchite et la pneumonie. Les infections de la sphère ORL telles que la sinusite, l’angine, la rhinopharyngite ou l’otite sont plus fréquentes chez les fumeurs. Parmi les pathologies favorisées par la consommation de tabac, nous pouvons aussi citer l’asthme, avec des crises plus intenses et plus fréquentes que chez les non-fumeurs, et la bronchopneumopathie obstructive (BPCO). Cette maladie respiratoire est liée à une inflammation et une obstruction permanente et progressive des bronches. Elle est généralement découverte lorsque les atteintes sont irréversibles. 85 % des BPCO surviennent chez des personnes qui fument ou ont fumé par le passé. Elle multiplie par 2 le risque de cancer du poumon et peut évoluer vers l’insuffisance respiratoire si la personne atteinte ne se décide pas à arrêter de fumer.

Troubles digestifs, diabète…

Le tabac constitue un facteur favorisant pour d’autres maladies, notamment au niveau digestif. Les brûlures d’estomac, les remontées acides, le reflux gastro-œsophagien (RGO) et l’ulcère de l’estomac peuvent ainsi apparaître ou être aggravés par le tabagisme. Fumer accroît le risque de développer un diabète de type 2, une maladie de Crohn et une polyarthrite rhumatoïde. Cela ralentit le processus de cicatrisation après une intervention chirurgicale et augmente les risques de complications postopératoires (infection, phlébite). Enfin, il n’est pas rare d’observer chez les fumeurs une atteinte de certains sens comme le goût (agueusie) ou l’odorat (anosmie) qui peuvent disparaître complètement.

L’impact du tabac sur la fertilité

Les couples qui désirent concevoir un enfant peuvent rencontrer des difficultés si l’un des deux futurs parents (ou les deux) sont fumeurs. Le tabac a en effet pour conséquence de réduire la fertilité, aussi bien chez l’homme que chez la femme. Il augmente l’âge de la ménopause et entraîne des troubles de l’érection. Si le couple a recours à la procréation médicalement assistée (PMA), les chances de succès peuvent être diminuées par le tabagisme.

Le cas de la cigarette électronique

La cigarette électronique est arrivée sur le marché européen en 2005. Aussi appelée vapoteuse ou e-cigarette, elle est en plein essor : plus de 6 % des Français l’utilisent au quotidien, la majorité ayant entre 25 et 34 ans. Cet outil moderne est un générateur d’aérosol qui diffuse une fumée artificielle, aromatisée ou non, contenant ou non de la nicotine. En l’état actuel des connaissances scientifiques, des incertitudes persistent quant aux effets de la cigarette électronique sur la santé. La principale crainte est qu’elle pourrait initier les plus jeunes à la consommation de tabac alors que de nombreuses mesures sont prises pour les en tenir éloignés.
De plus en plus de fumeurs de tabac conventionnel utilisent la cigarette électronique pour arrêter de fumer. Celle-ci n’est toutefois pas encore considérer comme un outil d’aide au sevrage tabagique. Son innocuité n’a pas été suffisamment évaluée à ce jour et des études sont toujours en cours. Certaines publications ont mis en avant le fait que la cigarette électronique réduirait les risques de survenue de pathologies graves (cancers notamment) par rapport au tabac conventionnel. Elle permettrait à 9 % des fumeurs d’arrêter de fumer après 1 an d’utilisation et à 36 % de réduire leur consommation de moitié.

Tabagisme passif : quelles conséquences pour l’entourage ?

Selon l’Académie de médecine, le tabac est la source la plus dangereuse de pollution de l’air domestique en raison de sa concentration élevée en produits toxiques. L’expression « tabagisme passif » désigne le fait d’inhaler de manière involontaire la fumée dégagée par un ou plusieurs fumeurs. Il expose les enfants, les femmes enceintes et les adultes non-fumeurs à des risques importants pour leur santé.

Jeunes enfants

Chez les jeunes enfants, le tabagisme passif entraîne tout d’abord des irritations des yeux, de la gorge et du nez. Il augmente la fréquence des pathologies de la sphère ORL : sinusites, angines, rhinopharyngites, otites… Exposer un nourrisson au tabac multiplie par 1,8 le risque de mort subite et peut provoquer une diminution faible, mais significative du développement des poumons. Cela favorise les régurgitations, le développement d’un reflux gastro-œsophagien (RGO) et les coliques. L’asthme est également plus fréquent chez les enfants dont l’un ou les deux parents sont fumeurs.

Grossesse et allaitement

Les médecins recommandent vivement de ne pas fumer durant la grossesse et l’allaitement, mais les femmes enceintes et les jeunes mères peuvent malgré tout se retrouver dans des situations de tabagisme passif. Au cours de la grossesse, les substances toxiques présentes dans le tabac peuvent pénétrer dans l’organisme de la mère et passer à travers le placenta et le cordon ombilical, qui ne sont pas en mesure de tout filtrer. Le risque de grossesse extra-utérine est plus élevé chez une femme qui vit avec un fumeur. Les risques de faire une fausse couche (x 1,5 à 3) et d’accoucher prématurément (x 3) sont également accrus. Le tabagisme passif altère le développement du fœtus, qui peut présenter un retard de croissance in utero (RCIU). Le suivi de grossesse est alors beaucoup plus strict, car le bébé peut avoir un poids insuffisant à la naissance (hypotrophie).
Pendant l’allaitement, le tabac diminue le taux de prolactine, l’hormone qui déclenche la production de lait maternel. La quantité de lait est alors insuffisante pour couvrir les besoins nutritionnels du bébé et le sevrage se fait plus rapidement. L’écoulement du lait peut être ralenti, ce qui induit des tétées plus difficiles pour le nourrisson et la maman.

Adultes non-fumeurs

Chaque année, le tabagisme passif est à l’origine de 3 000 décès prématurés chez des adultes non-fumeurs, dont 150 par cancer du poumon. Il peut aggraver des pathologies déjà présentes et en entraîner de nouvelles. Ainsi, inhaler régulièrement de la fumée de tabac de manière involontaire multiplie par 2 le risque d’AVC. Les conjoints des fumeurs sont particulièrement concernés. Ils voient leur risque de subir un infarctus du myocarde augmenter de 27 %. Pour le cancer du poumon, le risque augmente de 25 %.

Tabac : ennemi de la beauté

L’impact du tabac se voit également sur le visage, les cheveux, les ongles et les dents. Au niveau cutané, cela se traduit par un grain de peau irrégulier, un teint terne et brouillé. Les imperfections et autres problèmes de peau sont très fréquents chez les fumeurs. Le tabac atteint les fibres d’élastine et de collagène, ce qui accélère le vieillissement cutané. Les rides apparaissent très tôt, les contours du visage se relâchent et la peau devient plus sèche. Le tabac peut aggraver certaines affections comme l’eczéma et le psoriasis.
Fumer provoque aussi des dommages sur les cheveux et les ongles. La fibre capillaire devient plus fragile et vulnérable face aux agressions extérieures. Les cheveux sont cassants et on observe parfois une chute importante. Les ongles des personnes qui fument sont souvent jaunis, mous et se dédoublent facilement.
Enfin, le tabac favorise l’apparition de problèmes buccaux-dentaires contre lesquels il peut être difficile de lutter. La mauvaise haleine (halitose) est la principale conséquence, gênante à la fois pour le fumeur et pour son entourage. Des taches sur les dents peuvent apparaître ainsi que des maladies des gencives entraînant à terme le déchaussement et la chute des dents. Les caries et les abcès sont également plus fréquents chez les fumeurs.

À retenir

Depuis de nombreuses années, le tabagisme est un enjeu de santé publique. Il est responsable de nombreuses maladies, à la fois chez les fumeurs actifs et chez les personnes exposées au tabagisme passif. Cancer du poumon, maladies cardiovasculaires, atteintes respiratoires et digestives… le tabac dégrade considérablement la qualité de vie. Il a des effets néfastes sur la fertilité, le développement du fœtus pendant la grossesse, mais aussi la qualité de la peau et la santé bucco-dentaire. Pour prévenir les dangers du tabac, la meilleure solution est d’arrêter de fumer le plus tôt possible.

Notre fiche conseil Sevrage tabagique : quelles solutions pour arrêter la cigarette ? vous accompagnera dans cette étape et vous donnera toutes les clés pour atteindre votre objectif. Retrouvez également les substituts nicotiniques notamment les comprimés et pastilles nicotine.
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