Écharde : comment la retirer ?

  • Par Myriam Gorzkowski, mis à jour le 04/11/2024 à 16h11, publié le 08/03/2017 à 16h03
  • Temps de lecture : ~ 0 minutes
Écharde : comment la retirer ?
L'écharde désigne ce petit corps étranger fiché dans la peau. C'est un phénomène courant, surtout pour celles et ceux qui font du jardinage ou du bricolage. Mais l'écharde n'est pas innocente pour autant, et doit être retirée rapidement. En effet, elle est une porte d'entrée potentielle pour des agents pathogènes et donc une source possible d'infections. Pour enlever une écharde, plusieurs techniques existent. Dans certains cas, il faudra faire appel à un médecin. Dans tous les cas, la lésion devra être désinfectée. Pharma GDD fait le point sur cette petite plaie et vous conseille sur les gestes à réaliser pour retirer une écharde.

Qu'est-ce qu'une écharde ?

Le mot « écharde » désigne à l’origine le piquant de chardon. Par extension, c’est également le nom que l’on donne au corps étranger de petite taille, aigu, qui se plante dans l’épaisseur de la peau. Les échardes peuvent être extrêmement variées. Il est possible de classer les échardes les plus couramment rencontrées en deux grandes catégories : celles d’origine biologique et celles non biologiques. Parmi les premières, les biologiques, on trouve les esquilles d’os ou de dents, les arêtes de poisson, les épines de végétaux ou d’animaux, par exemple les piquants d’oursins), les poils ou cheveux particulièrement durs (les poils de certains chiens, par exemple) et surtout les morceaux de bois.
Les non biologiques incluent les éclats de verre, les morceaux de métal, les hameçons, le graphite (mine de crayons) et le plastique. Certains métiers exposent plus aux échardes que d’autres : les professionnels du bois, les jardiniers et les paysagistes... Ceux qui pratiquent le bricolage sont également susceptibles d’avoir des échardes.

Une écharde peut-elle avoir des conséquences graves ?  

Avoir une écharde est un phénomène assez banal, un peu désagréable et l’on imagine difficilement que ce petit corps étranger pointu puisse avoir des conséquences graves. Et il est vrai que pour beaucoup, l’écharde sera retirée facilement et sans nuisances à plus long terme. Mais les échardes ne sont pas à prendre à la légère pour autant. En effet, le principal risque que l’écharde fait courir est celui de l’infection. Notre peau abrite des milliards de micro-organismes. Cette flore cutanée, présente naturellement sur notre corps, est classable en deux grandes catégories : la flore permanente et la flore transitoire. C’est un milieu équilibré, dans lequel les micro-organismes potentiellement pathogènes ne peuvent proliférer. Quant à notre environnement, il héberge également des milliards de micro-organismes. L’écharde crée un point d’entrée possible dans l’organisme pour certains germes possiblement dangereux. Si le corps est capable de se protéger sans aide, il peut néanmoins arriver qu’une infection se développe à la suite d’une simple écharde. Celles d’origine biologique sont potentiellement plus riches en éléments pouvant déclencher des infections que celles non-biologiques.
Enfin, si l’écharde est fichée dans l’œil, elle peut avoir des conséquences graves.
Les mains, en raison de leur capacité à saisir, sont des parties du corps particulièrement exposées au risque d’échardes et donc au risque d’infections. Les infections provoquées par les échardes peuvent mener à plusieurs maladies et troubles :
  • Le plus grand risque est celui du tétanos. Cette maladie, qui peut provoquer la mort, a pour cause une bactérie nommée Clostridium tetani, vivant dans la terre. Elle se développe lorsqu’elle n’est plus au contact de l’oxygène. Une fois dans le corps, apportée par exemple par une écharde, elle émet une toxine qui va circuler dans l’organisme et attaquer le système nerveux central. Cette maladie mortelle est évitable par une bonne hygiène des plaies et surtout par la vaccination antitétanique. Celle-ci devant faire l’objet de rappels réguliers, il faut donc vérifier la date de sa dernière vaccination antitétanique après avoir eu une écharde. 
  • Une autre infection couramment rencontrée suite aux échardes conduit à la formation d’un panaris. C’est le staphylocoque doré qui en est la plupart du temps responsable. Il provoque une infection aiguë d’un doigt, caractérisée par une inflammation douloureuse, de la fièvre et la formation de pus au niveau de l’ongle. Non traitée, l’infection peut s’étendre aux gaines des tendons des doigts et même entraîner leur destruction. Cette extension de l’infection est nommée « phlegmon des gaines des tendons fléchisseurs des doigts ».
  • La cellulite ne désigne par que la graisse située sous la peau. C’est aussi le nom d’une inflammation de la peau et des tissus conjonctifs, survenant suite à une infection provoquée par une bactérie, faisant suite à la création d’une « porte d’entrée » au niveau cutané (plaie…).
  • Les échardes peuvent également être à l’origine d’arthrite septique si elles touchent une articulation. Si elle atteint l’intérieur de l’articulation, l’écharde peut conduire à une infection du liquide articulaire, le liquide synovial, par une bactérie de la peau. Cette infection induit une inflammation nocive pour le cartilage et potentiellement très grave.
  • Enfin, si l’écharde n’est pas retirée, les cellules de défense de l’organisme vont l’entourer et former un granulome, une espèce de grain qui va entourer l’intrus. Le granulome est une réaction inflammatoire chronique.
Même si toutes les échardes ne mèneront pas à de tels troubles, il n’en reste pas moins qu’il est préférable de retirer rapidement l’écharde pour éviter tout problème.

Comment retirer une écharde ?

L’écharde doit être intégralement ôtée de la peau et la plaie désinfectée. Quelques gestes simples permettent de réaliser ces opérations sans aggraver la situation en enfonçant l’écharde encore plus profondément ou en la brisant en plusieurs parties.

Les mesures d'hygiène

Pour éviter d’apporter des germes lors des manipulations visant à retirer une écharde, les premiers gestes à entreprendre sont de se laver soigneusement les mains, voire, si cela est possible, de mettre des gants, et de désinfecter les instruments qui seront nécessaires pour l’extraction de l’écharde (pince à épiler, épingle ou scalpel). Il faut également désinfecter la région autour de l’endroit où l’écharde est située. La désinfection des instruments se fait en passant un coton imbibé d’alcool à 90°.

Les gestes pour enlever une écharde

Pour bien voir où est située l’écharde, on peut s’approcher d’une source d’éclairage. Pour faciliter l’extraction de l’écharde, une technique traditionnelle consiste à ramollir la peau en immergeant la zone concernée dans un bain d’eau chaude additionnée de gros sel. Une fois la peau préparée et éclairée, il faut déterminer l’angle de pénétration de l’écharde de manière à l’ôter en empruntant le même chemin, mais en sens inverse. Ainsi, on évite le bris de l’écharde. Pour retirer une écharde, on utilisera une pince fine. Il ne faut pas presser la peau, mais au contraire l’écarter pour pouvoir correctement saisir l’écharde. Si le corps étranger est difficile à saisir parce qu’il est trop enfoncé, il faut alors se servir d’une aiguille, ou, mieux, d’un scalpel préalablement désinfecté pour couper légèrement la peau de manière à pouvoir l’atteindre.
En cas d’écharde fragile, comme par exemple une épine, qui risque de se casser en cas de saisie à la pince, on peut coller sur la plaie un ruban adhésif pendant une demi-heure, puis de le retirer. L’opération peut être réessayée en cas d’échec.
Une fois l’écharde retirée, il faut soigneusement désinfecter la plaie et la région autour de celle-ci, puis mettre un pansement pour qu’elle puisse cicatriser protégée des éléments extérieurs. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la fiche Comment choisir son antiseptique.

Les instruments pour retirer une écharde

Pour enlever une écharde, il faut utiliser une pince à écharde. Certains modèles notamment celle de la marque d'équipement de diagnostic Comed, intègrent une loupe permettant de mieux voir la manœuvre de retrait.

Quand faut-il consulter ?  

Dans certains cas, il sera nécessaire de consulter un médecin :
  • Si l’écharde est trop profondément enfoncée. Seul le médecin pourra y accéder en anesthésiant la zone et en pratiquant une incision.
  • Si l’écharde est située sous un ongle. Le praticien devra alors découper l’ongle pour pouvoir l’ôter.
  • Si l’écharde a provoqué une infection, reconnaissable à la présence de pus, à la chaleur de la peau sur la zone infectée et à la présence de fièvre.
  • Si l’écharde est située à proximité d’un œil. Le corps étranger fiché dans la cornée est une situation d’urgence.
  • Si l’écharde est fichée dans le pied d’une personne diabétique ou si elle concerne une personne immunodéprimée.
  • Si l’écharde est de grande taille.
  • Si l’écharde provoque une douleur intense.
  • Si la vaccination antitétanique n’est pas à jour ou si les dates de vaccination et de rappel n’ont pas été conservées. Les âges de rappel de cette vaccination sont 6 ans, puis entre 11 et 13 ans, puis à 25, 45 et 65 ans. Au-delà de 65 ans, le rappel s’effectue tous les 10 ans. 
L’écharde peut être la cause d’infections aux conséquences graves. Il ne faut pas la traiter à la légère. Des gestes simples permettent de l’éliminer en toute sécurité. Dans certains cas, la consultation d’un médecin sera nécessaire.