Syndrome des jambes sans repos : symptômes, diagnostic, traitement, recommandations

  • Par Alix de Colnet, mis à jour le 10/10/2024 à 14h10, publié le 03/10/2024 à 14h10
  • Temps de lecture : ~ 0 minutes
Syndrome des jambes sans repos : symptômes, diagnostic, traitement, recommandations
Syndrome des jambes sans repos : en quoi consiste la prise charge de cette maladie ? Le syndrome des jambes sans repos également appelé impatiences nocturnes se traduit par des picotements et un besoin de mouvement des jambes, survenant plutôt le soir et la nuit. Quels sont les symptômes et les conséquences de cette maladie ? Comment la diagnostiquer ?

Qu'est-ce que le syndrome des jambes sans repos ?

Le syndrome des jambes sans repos (également appelé impatience nocturne) est un trouble sensori-moteur (qui touche les fonctions sensorielles et la motricité). Il est caractérisé par une envie irrésistible de bouger les jambes, les bras, ou d'autres parties du corps (moins fréquent). Cette envie de bouger est souvent accompagnée de paresthésies (fourmillements) et parfois de douleurs dans les membres supérieurs ou inférieurs.

Elle survient principalement au moment où les patients sont inactifs ou allongés. Pour soulager les symptômes, les patients bougent le membre atteint en s'étirant, en donnant des coups de pied ou en marchant. Par conséquent, ils ont des difficultés d'endormissement et/ou de réveils nocturnes répétés. Ce qui entraine des troubles du sommeil, mais aussi de la mémoire et de la concentration. Les personnes atteintes de maladies comme le diabète, la polyarthrite rhumatoïde, l'insuffisance rénale chronique, l'hypothyroïdie, la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson sont plus exposées aux impatiences, ainsi que les personnes obèses ou en surpoids.

Quels sont les symptômes du syndrome des jambes sans repos ?

Le syndrome des jambes sans repos se caractérise essentiellement par trois manifestations :
  • un besoin impérieux de bouger les jambes, accompagné ou causé par des sensations inconfortables dans les membres inférieurs, fourmillements, picotements, sensations de courant électrique…
  • un déclenchement ou une accentuation des signes durant les périodes de repos, le soir ou la nuit
  • la disparition totale ou partielle des symptômes grâce au mouvement des jambes.
Le plus souvent, ces symptômes touchent les deux jambes et plus rarement les bras. Même si la personne qui en souffre n’a pas conscience de se réveiller, les impatiences entraînent souvent des micro-réveils de quelques secondes et la personne a l’impression que son sommeil n’est pas réparateur.
Pendant le sommeil, leurs jambes font des mouvements incontrôlés, le pied se redresse, la jambe se plie brutalement… Ces soubresauts, présents chez 80 % des patients se reproduisent par épisodes de cinq à vingt minutes, avec des mouvements toutes les trente secondes environ. Les symptômes des impatiences nocturnes sont différents de ceux observés lors de crampes nocturnes, souvent plus douloureuses. Ce syndrome des jambes sans repos est également à différencier de la sensation de jambes lourdes et de la maladie veineuse chronique dont les symptômes sont calmés par le repos allongé.

Ce syndrome des jambes sans repos est-il fréquent ?

La fréquence du syndrome des jambes sans repos est variable d'une population à une autre et selon les régions du monde. Cette maladie touche 11% de la population en Europe du Nord et 8,5% en France. Les impatiences tendent à devenir plus fréquentes avec l’âge. Au-delà de 50 ans, 5 à 10 % des personnes en souffrent occasionnellement. Ce syndrome affecte deux fois plus les femmes que les hommes.

Quelles sont les causes du syndrome des jambes sans repos ?

Si les mécanismes exacts de la maladie restent méconnus, deux éléments semblent jouer un rôle important dans son déclenchement :
  • l’insuffisance de fer dans l’organisme, avec ou sans anémie. Il semble que cette carence diminue la production de dopamine par le cerveau et la moelle épinière.
  • un déséquilibre dans la production de dopamine, une substance (neurotransmetteur) utilisée par les cellules nerveuses pour communiquer entre elles.
On soupçonne une origine génétique, car il existe des familles qui sont plus affectées. Les impatiences sont assez fréquentes (20 à 30 %) chez les femmes enceintes lors du dernier trimestre de la grossesse, mais il n’est pas prouvé qu’elles soient de même origine que celles observées hors de la grossesse. Elles tendent à disparaître dans les semaines qui suivent l’accouchement.

Le stress, l’anxiété, la fatigue, le tabagisme, l’abus d’alcool ou de caféine augmentent à la fois le risque de souffrir de syndrome des jambes sans repos et la fréquence des crises. Certains emplois de médication peuvent déclencher des symptômes de jambes sans repos : neuroleptiques, antidépresseurs, antihistaminiques ou lithium…

Quand consulter un médecin ?

Lorsque les sensations désagréables dans les jambes accompagnées d’un besoin impérieux de bouger se répètent de plus en plus souvent et que le sommeil et la concentration dans la journée sont perturbées, il est nécessaire de consulter. Il existe un questionnaire d'orientation conçu par le réseau Morphée, qui peut permettre de faire le point avant une consultation.

Comment le médecin va-t-il poser le diagnostic ?

Le diagnostic de jambes sans repos est parfois long à poser. Il se passe parfois plus de dix ans entre les premiers symptômes et le diagnostic.
Pour poser ce diagnostic, il est nécessaire que quatre symptômes soient simultanément présents :
  • la nécessité impérieuse de bouger les jambes, avec des sensations désagréables, picotements, démangeaisons, fourmillements…
  • une aggravation de ce besoin lors de repos ou d’inactivité, en particulier lorsque le patient est assis ou couché 
  • une aggravation des symptômes le soir et la nuit 
  • un soulagement systématique lorsque la personne se déplace ou bouge ses jambes.
Parfois, le diagnostic impose de passer une nuit dans un centre d’étude du sommeil où l’activité des muscles des jambes est enregistrée tout au long de la nuit.

Que faire en cas de jambes sans repos ?

Pendant la crise, certains gestes permettent un soulagement immédiat :
  • bouger les jambes, se déplacer, s’étirer, plier les genoux, faire de petits mouvements de piétinement (lorsqu’on est assis)
  • masser les membres concernés
  • appliquer de la chaleur, douche chaude des jambes et/ou massage énergique en alternant éventuellement avec du froid, douche froide, poche de glace
  • essayer d’occuper son esprit à d’autres activités, intellectuelles, manuelles ou ludiques.
Eventuellement, il est possible de prendre un médicament sans ordonnance contre la douleur : paracétamol, ibuprofène...

Quelle hygiène de vie à adopter ?

Le traitement du syndrome des jambes sans repos repose sur des mesures hygiéno-diététiques, et dans certains cas, sur la prise de médicaments prescrits par le médecin.
Les règles de vie à adopter sont :
  • faire des exercices de stretching avant de vous coucher
  • se coucher et se lever à heures fixes
  • pratiquer des activités relaxantes comme le yoga et une activité physique modéré mais régulière
  • éviter tout ce qui peut accentuer les symptômes : thé, café, alcool, tabac, dépense physique intense en fin de journée…
  • adopter une alimentation équilibrée et privilégier les aliments riches en fer viandes rouges, les abats, les fruits de mer…et pour personnes végétariennes, privilégier spiruline, sésame, soja, noix de cajou, pignons de pin, chocolat noir….

Quels sont les médicaments proposés dans le syndrome des jambes sans repos ?

Il n’existe pas de médicament pour guérir le syndrome des jambes sans repos. Lorsque ce syndrome s'accompagne de troubles gênants, insomnie, retentissement sur la vie quotidienne…un traitement médicamenteux peut être prescrit par le médecin. Les médicaments les plus souvent proposés sont :
  • des benzodiazépines pour lutter contre les troubles du sommeil
  • des médicaments antalgiques en cas de douleurs
  • les médicaments agonistes dopaminergiques. Ils sont réservés aux formes graves car ils présentent de nombreux effets indésirables graves (troubles compulsifs du comportement, possible aggravation paradoxale du syndrome, survenue des symptômes plus tôt dans la journée, atteinte d’autres parties du corps…. )
  • certains antiépileptiques
La première prescription de ces médicaments est obligatoirement faite par un médecin neurologue. Un suivi régulier par le médecin prescripteur est recommandé pour évaluer la réponse au médicament et son intérêt. Ces médicaments ne sont pas pris en charge par l’Assurance maladie dans le syndrome des jambes sans repos.

Comment évolue le syndrome des jambes sans repos ?

L’évolution est très variable selon les personnes, mais le plus souvent, le syndrome des jambes sans repos s’avère chronique et progressif. Dans certains cas, les crises peuvent cesser pendant plusieurs années avant de réapparaître.
Les formes très graves de syndrome des jambes sans repos, qui représentent 4 % de l’ensemble des cas, peuvent entraîner des perturbations importantes du sommeil et avoir un retentissement sur la vie quotidienne familiale, sociale ou professionnelle.

À retenir

Le syndrome des jambes sans repos se traduit par un besoin de bouger les jambes et par des picotements. Il entraine des troubles du sommeil et une difficulté de concentration qui peuvent impacter la vie au quotidien. Les mesures hygiéno-diététiques peuvent être complétées par des médicaments dans les cas graves. Il existe une association de patients, l'Association France Ekbom qui encourage la recherche et qui informe et soutient les patients.

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