Syndrome de Lacomme : les causes de cette pubalgie de grossesse ?

Ressentir de fortes douleurs ligamentaires au niveau du bassin et du dos et une sensation de pesanteur dans le bas du ventre lorsque l’on est enceinte peut être le signe d’un syndrome de Lacomme. On fait le point sur cette pathologie peu connue, ses symptômes, ses causes, son diagnostic et la conduite à tenir.

Qu’est-ce qu’un syndrome de Lacomme ?

Lorsque l’on attend un enfant, il est tout à fait normal de souffrir de douleurs ligamentaires en bas du dos et au niveau pelvien. Des maux principalement dus au bébé qui grandit et qui fait sa place à l’intérieur de l’utérus de sa maman. Mais quand les douleurs se font plus intenses voire handicapantes, cela peut être les signes d’un syndrome de Lacomme, pathologie décrite par le gynécologue obstétricien, Maurice Lacomme en 1962.

Ce syndrome touche environ 20 % des femmes enceintes et reste difficile à identifier.

Quels sont les symptômes de la pubalgie de la femme enceinte ?

La femme enceinte peut ressentir une forte sensation de pesanteur dans le bas du ventre et entre les cuisses avec des douleurs qui peuvent être intenses en cas de crise. Ces douleurs sont provoquées par la distension des ligaments et des tendons. Elles surviennent lors d’une sollicitation très importante des tissus ligamenteux pendant la grossesse.
Sous tension, les douleurs ressenties au niveau de la zone du pubis, de l’intérieur des cuisses et de l’utérus peuvent être particulièrement invalidantes pour la future maman, tant au niveau de sa motricité que de son énergie. La douleur peut irradier au niveau des fesses et du périnée, surtout en fin de grossesse.
Si ce syndrome arrive plus régulièrement à partir du six ou septième mois de grossesse, il peut se déclencher beaucoup plus tôt surtout si la future maman a eu des grossesses rapprochées.

Ce syndrome est parfois confondu avec d’autres maladies donnant l’impression d’une menace d’accouchement prématuré (MAP) ou d’une fausse couche.

Quelles sont les causes du syndrome de Lacomme ?

Les principales causes sont d’ordre « mécaniques ». Au cours de la grossesse, le ventre grossit et le poids du bébé augmente de façon importante et rapide. Cela déplace le centre de gravité de la femme enceinte vers l’avant. Ce phénomène entraîne une hyper-pression et un déséquilibre au niveau du bassin, ce qui causerait des douleurs. La compression de la veine cave inférieure lors de certaines positions prolongées provoquerait aussi des douleurs pelviennes.
Cette maladie serait également associée à un relâchement des ligaments, ce qui engendrerait le relâchement des muscles et des os du bassin.

Les chercheurs pensent que les hormones de la grossesse pourraient jouer un rôle dans ces douleurs et dans l’apparition de ce syndrome. La progestérone et la relaxine, des hormones qui assouplissent les ligaments et facilitent le passage du bébé dans le bassin, pourraient provoquer cette pathologie.
Ces douleurs ligamentaires pourraient aussi être secondaire à une carence en potassium, en calcium et /ou en magnésium.

Quelles sont les conséquences de ce syndrome ?

Le syndrome de Lacomme est douloureux et handicapant pour la femme enceinte mais il n’est pas dangereux, ni pour la maman, ni pour l’enfant. Par contre, il va obliger la future maman à se reposer et à limiter ses activités.

Comment soulager les douleurs dues à la pubalgie de la grossesse ?

À ce jour, aucun traitement médical permet de soigner et traiter cette pathologie. Le médecin peut être amené à prescrire à la femme enceinte des antalgiques pour soulager les douleurs pelviennes.
Quelques conseils peuvent permettre de soulager et alléger les douleurs au quotidien :

• éviter les grands efforts, longues marches ou mouvements brusques qui risquent de réveiller l’inflammation
• utiliser à certains moments, une ceinture de grossesse pour diminuer la sensation de pesanteur et de pression

• se faire suivre par un ostéopathe ou un kiné pour soulager les douleurs
• faire des séances de yoga prénatal qui vont permettre de diminuer la sensation de pesanteur
• faire des exercices qui soulagent : s’asseoir, au sol, dos droit, avec les jambes repliées devant soi, dans la posture dite du « papillon » avec les plantes des pieds qui se touchent. Puis, rapprocher au maximum les talons du périnée et relâcher les genoux vers le sol. Dans cette posture, le bassin s’ouvre et cette action aura tendance à soulager les douleurs.
• faire des séances d’acupuncture qui peuvent avoir des effets bénéfiques
• appliquer une source de chaleur sur les zones douloureuses peut en diminuer l’intensité.

Comment diagnostiquer le syndrome de Lacomme ?

Les différentes douleurs évocatrices du syndrome de Lacomme doivent amener la femme enceinte à consulter son médecin.
Pour établir le diagnostic, le praticien va réaliser un examen clinique qui permettra de vérifier l’absence de toute maladie gynécologique ou obstétricale.
Le médecin peut réaliser un toucher vaginal pour mettre en évidence les zones douloureuses caractéristiques de ce syndrome et exclure le risque d’accouchement prématuré.
Les examens d’imagerie ne seront pas prescrits car, pour la plupart, ils ne sont pas recommandés pendant la grossesse.

Que se passe-t-il après l’accouchement ?

Dans la très grande majorité des cas, les douleurs cessent rapidement après l’accouchement. Très rarement, des douleurs peuvent persister jusqu’à 3 mois après l’accouchement.

À retenir

Le syndrome de Lacomme est classé à tort dans ce qu’on appelle trop souvent « les petits maux » de la grossesse. Il peut pourtant être douloureux et handicapant pour les femmes enceintes qui en souffrent. Même si ce syndrome est sans conséquence pour la future maman et le bébé, il est important de consulter quand les douleurs sont importantes.